sábado, 6 de julho de 2013

Mais qui sont donc ces économistes ?


Retour sur ceux qui avaient donné l’alarme sans être entendus
par James K. Galbraith , le 23 février 2010
La crise financière a révélé l’échec des courants de pensée dominants de la science économique, qui ne l’avaient pas vue venir. Mais ce n’est pas le cas de tous les économistes. En réaction à l’article de Paul Krugman paru dans le New York Times, James K. Galbraith revient ici sur les travaux des chercheurs qui avaient été ignorés, aussi bien par les régulateurs que par la majorité de la communauté scientifique. Ces travaux offrent aujourd’hui le cadre conceptuel d’une nouvelle régulation financière.


La théorie économique en débat 
Avant-propos par Wojtek Kalinowski

La crise financière a ébranlé quelques certitudes et déclenché une vague de critiques à l’encontre des économistes qui, comme on le dit souvent, n’auraient « rien vu venir ». On peut cependant s’interroger sur les résultats concrets de cette agitation médiatique : au bout du compte, quels enseignements ont été tirés ? Au tournant de l’année 2008/2009, l’échec de la théorie des marchés « autorégulateurs » était patent et ses effets désastreux décriés à l’unisson par les hommes politiques, les journalistes et les experts. Un an plus tard, la nouvelle régulation financière se fait toujours attendre, la lutte contre les paradis fiscaux s’enlise – notamment en France – et le débat économique revient à son thème de prédilection, la limitation des dépenses publiques.
C’est dans ce contexte qu’il faut situer l’article de James K. Galbraith, que nous publions dans l’espoir d’ouvrir un débat sur les fondements théoriques d’une régulation financière viable, et plus largement sur le rapport entre la macroéconomie, l’usage des mathématiques et l’analyse des acteurs économiques réels. Rarement un débat d’idées aura été à la fois si essentiel et si difficile à mettre en œuvre, bloqué par des clivages – qui, vus de l’extérieur, semblent quasiment insurmontables – entre les positions « orthodoxes » et « hétérodoxes » du champ économique universitaire. S’inscrivant dans ce contexte, l’article de James K. Galbraith est délibérément polémique ; il a été rédigé en réaction à l’essai de Paul Krugman, où le célèbre économiste diagnostiquait les erreurs de la théorie dominante mais passait rapidement – trop rapidement selon Galbraith – sur ceux qui avaient tiré la sonnette d’alarme mais qui n’avaient pas été entendus. Mais ne nous trompons pas : l’intention de Galbraith n’est pas tant de « régler des comptes » avec les courants de pensée dominants, que de montrer les approches théoriques qui auraient pu – et qui peuvent toujours – servir à bâtir une régulation effective du secteur financier. En les présentant à un public francophone, la Vie des Idées veut apporter sa contribution au débat et inciter les économistes à y participer.
« Bien entendu, il y avait quelques économistes qui contestaient l’idée d’un comportement rationnel et se demandaient si l’on pouvait réellement faire confiance aux marchés, se référant au temps long des crises financières aux conséquences économiques dévastatrices. Mais ils nageaient à contre-courant, incapables de se faire entendre face à une complaisance largement répandue, et qui rétrospectivement nous paraît stupide ».
Paul Krugman, New York Times Magazine, 6 septembre 2009.
Amen. Bien qu’il soit d’usage de placer ce mot à la fin d’une prière, il m’a semblé approprié cette fois-ci de le faire figurer en tête. En deux phrases, Paul Krugman, Prix Nobel d’économie 2008 et à certains égards l’un des plus importants économistes de notre temps, a bien résumé ce que l’on peut considérer comme l’échec d’une époque, tant sur le plan de la pensée économique que sur celui de la politique économique.
Et pourtant, le rôle de ces quelques phrases, noyées dans un essai de plus de 6 500 mots, semble pour le moins étrange. Le propos est isolé et ne débouche sur rien. À peu de choses près – une demi-phrase de plus et la mention d’une même personne à trois reprises –, rien d’autre n’est dit à propos de ces économistes qui avaient vu juste. Ils ne sont pas nommés. Leurs travaux ne sont pas cités. On ne sait rien d’eux. Bien que l’histoire leur ait donné raison sur la question économique la plus fondamentale de notre génération, ils restent les grands inconnus du récit qui nous est conté.
L’article de Krugman est entièrement consacré à deux groupes, tous deux solidement installés au sommet (ou ce qu’ils considèrent être le sommet) de la science économique. Ces deux groupes sont particulièrement préoccupés par leur statut et se disputent pouvoir, prestige et influence. Ces économistes, Krugman les nomme « économistes d’eau de mer » et « économistes d’eau douce » ; eux-mêmes préfèrent le label « néo-classique » pour les uns, « néo-keynésien » pour les autres – bien que les uns n’aient rien de classique, les autres rien de keynésien. On pourrait également parler d’« école de Chicago » et d’« école du MIT », en référence au lieu respectif où la majorité d’entre eux a fait ses études supérieures. La vérité est que les étiquettes sont imprécises, car les différences entre les uns et les autres sont secondaires, et pour tout dire obscures.
Ces deux groupes ont une perspective commune, une préférence partagée pour un même cadre de pensée. Krugman le décrit très bien en évoquant « la recherche d’une approche englobante, élégante sur le plan intellectuel, qui donnait en outre l’occasion aux économistes de faire étalage de leurs prouesses mathématiques ». Ce qui est tout à fait exact. Il s’agissait en partie de faire preuve d’élégance et en partie d’impressionner, mais il n’était finalement pas question… d’économie. Les problèmes, les risques, les menaces et les politiques économiques n’y étaient pas débattus. Par conséquent, ces deux groupes partagent le même échec. C’est bien cela le plus étonnant. Il ne s’agissait pas d’une guerre sans merci entre Pangloss et Cassandre qui aurait ravagé la science économique. On avait plutôt affaire à une conversation entre copains, avec Bonnet Blanc d’un côté et Blanc Bonnet de l’autre. Et si vous pensiez que Bonnet Blanc ou Blanc Bonnet n’était pas très estimable – eh bien, c’est que vous n’étiez pas vraiment un économiste.
Le professeur Krugman soutient que Bonnet Blanc et Blanc Bonnet « ont pris la beauté pour la vérité ». La beauté en question résidait dans une « vision du capitalisme comme un système parfait ou presque parfait ». Assurément, accuser un scientifique – ou, pire encore, une discipline tout entière – d’avoir confondu la beauté et la vérité n’est pas anodin. On peut néanmoins se demander ce qu’il y avait de beau dans cette idée. Krugman ne le dit pas vraiment, mais il note que le recours aux mathématiques pour décrire la prétendue perfection était « impressionnant » (impressive-looking) – elles permettaient de « rendre plus séduisante » (gussied-up) la démonstration au moyen « d’équations sophistiquées » (fancy equations). Le choix des termes est révélateur : « impressionnant » ? « Séduisant » ? Ce n’est pas dans ces termes qu’on décrit normalement la Vénus de Milo...
Certes, les mathématiques ont quelque chose de beau, ou du moins peuvent avoir quelque chose de beau. J’aime particulièrement les géométries complexes générées par les systèmes non linéaires simples. Mais les démonstrations maladroites que l’on retrouve dans les articles des revues d’économie mainstream n’ont rien à voir avec cela. Elles font plutôt penser à de laborieux exercices de lycéens. On a le sentiment que l’objectif est d’intimider plutôt que d’éclairer. Il y a une raison simple à cela : une idée qui passerait pour simpliste lorsqu’elle est exprimée avec des mots devient « impressionnante » dès qu’on y attache pléthore de symboles grecs. Surtout s’il s’agit d’une idée comme celle-ci : « Le capitalisme est un système parfait ou presque parfait » – qui aurait bien du mal, énoncée de cette façon, à résister à l’épreuve du rire.
Il se trouve que John Maynard Keynes, celui-là même que Krugman évoque en des termes élogieux dans son article, avait sa propre vison du triomphe de la vision des économistes – et notamment du triomphe de David Ricardo, que l’on peut considérer comme le premier apôtre d’une politique économique déduite des prémisses théoriques, sur Thomas Robert Malthus. Voici ce qu’écrit Keynes :
« Une victoire aussi décisive que celle de Ricardo a quelque chose de singulier et de mystérieux. Elle ne peut s’expliquer que par la concordance de sa doctrine avec le milieu où elle a vu le jour. Le fait qu’elle aboutissait à des conclusions tout à fait différentes de celles qu’attendait le public profane ajoutait, semble-t-il, à son prestige intellectuel. Que son enseignement, appliqué aux faits, fût austère et désagréable lui conférait de la grandeur morale. Qu’elle fût apte à supporter une superstructure logique, vaste et cohérente, lui donnait de la beauté. Qu’elle présentât beaucoup d’injustices sociales et de cruautés apparentes comme des incidents inévitables dans la marche du progrès, et les efforts destinés à modifier cet état de fait comme susceptibles de produire en définitive plus de mal que de bien, la recommandait à l’autorité. Qu’elle fournît certaines justifications aux libres activités de l’individu capitaliste, lui valait l’appui des forces sociales dominantes groupées derrière l’autorité » [1].
Notons que Keynes n’en oublie pas pour autant l’importance du facteur esthétique. Mais il l’insère dans un tableau plus riche associant l’opportunisme, la vénalité et l’apologétique. Aujourd’hui, les effets de séduction produits par la méthode déductive sont connus – de certains économistes du moins – sous le nom de « vice ricardien ». Keynes écrivait également :
« Jusqu’à une date récente la doctrine elle-même n’a jamais été contestée par les économistes orthodoxes, mais son inaptitude remarquable à servir à la prédiction scientifique a fini par diminuer grandement le prestige de ses adeptes. Car depuis Malthus les économistes professionnels paraissent avoir été insensibles au désaccord entre les conclusions de leur théorie et les faits d’observation. Le public au contraire n’a pas manqué de relever ce désaccord… [2] »
Les choses n’ont guère changé depuis et il est intéressant de se demander pourquoi.
On ne peut invoquer, pour expliquer cette situation, l’absence de travaux sur la nature et les causes des désastres financiers. Ces travaux existent, mais les auteurs et les approches qui abordent ce genre de questions ont été relégués aux marges du système universitaire. Leurs articles ne sont publiés que dans des revues de second rang, voire dans des lettres d’information ou des blogs. Les chercheurs qui trahissent leur scepticisme en s’intéressant à ce type de publications sont dissuadés de poursuivre une carrière universitaire. S’ils sont suffisamment tenaces, il ne leur reste plus qu’à s’exiler dans une petite université ou dans les écoles d’enseignement supérieur (liberal art colleges [3]), où ils seront sûrs de passer inaperçus.
Aventurons-nous dans ces contrées oubliées de la science économique, et risquons-nous à une rapide présentation de ces auteurs et courants de pensée qui ont vu juste. Je ne prétends pas être exhaustif ; je me suis seulement appuyé sur mes lectures habituelles et celles qui m’ont été suggérées par de nombreux collègues – dont presque aucun n’appartient à ces prétendus « départements d’élite ». Parmi les exemples donnés plus loin, de nombreux proviennent des auteurs eux-mêmes ou de leurs admirateurs. D’autres exemples, qui auraient également pu être cités, ne doivent leur absence qu’au manque de place [4].

1. Les éternelles Cassandre : le point de vue marxiste

Depuis plus d’une génération – telle une relique des mouvements radicaux des années 1960, quand le keynésianisme tenait le haut du pavé –, la seule dissidence symbolique autorisée dans de nombreux départements d’économie est une forme américanisée du marxisme, développée pour une bonne part à l’université du Massachusetts à Amherst dans les années 1970, après l’expulsion des radicaux de Harvard. Au regard de cette tradition, la lutte des classes et les relations de pouvoir demeurent au cœur de l’analyse économique, et la crise est inévitable.
En 2004, l’économiste sud-africain Patrick Bond a identifié deux approches relevant de ce courant. L’une est représentée par Robert Brenner, qui a fait de la compétition sans merci son principal thème de recherche. L’autre, qui s’intéresse plus particulièrement aux phénomènes de suraccumulation du capital, est portée par Ellen Wood et David Harvey, avec plusieurs versions discordantes ou concurrentes, y compris celle de Giovanni Arrighi. Dans un article qui revient sur le déroulement de la récente crise, Brenner estime que celle-ci « révèle d’énormes problèmes au cœur de l’économie réelle, des problèmes non résolus qui ont été masqués par l’endettement durant des décennies, ainsi que par une crise financière sans précédent depuis l’après-guerre » [5].
En mettant l’accent sur l’« économie réelle », ce courant marxiste ne fournit pas de véritable théorie des crises financières. Sur ce plan, ses représentants ne sont pas si éloignés que cela du courant dominant : à leurs yeux, la finance n’est qu’un voile qui masque des forces plus profondes. Les spécificités de la crise, et ses modalités, ont donc une importance relativement secondaire (la crise pronostiquée par Bond en 2004 devait être déclenchée par un effondrement du dollar, dû à l’ampleur des déficits courants et à l’échec de la politique « impériale » menée en Irak ; c’est l’exemple d’une crise qui aurait pu se produire mais qui n’a finalement pas eu lieu). Les néo-marxistes ne s’intéressent pas non plus aux questions d’ordre politique, dans le sens où ils ne croient pas que le système actuel puisse fonctionner.

2. L’art de détecter les bulles

Une seconde approche consiste à identifier les bulles financières, signes avant-coureurs d’un crash imminent. Dean Baker, du Center for Economic and Policy Research à Washington, en est un des spécialistes incontestés, pouvant se targuer d’avoir anticipé la bulle immobilière quand le monde académique, dans sa grande majorité, l’ignorait encore. Dès 2002, Baker écrivait :
« Si les prix des logements redeviennent conformes au niveau général des prix, comme cela s’est toujours produit par le passé, 2 000 milliards de dollars partiront en fumée, rendant encore plus grave la récession. L’éclatement de la bulle immobilière compromettra également la survie de Fannie Mae et Freddie Mac et de nombreuses autres institutions financières » [6].
Cette prévision, qui s’est avérée exacte [7], s’appuyait sur une méthode simple. Celle-ci consiste à identifier des indicateurs économiques – généralement, le rapport entre deux variables sous-jacentes – qui brusquement dévient de leurs niveaux historiques, d’une façon qui suggère un état temporaire et instable. Il pouvait s’agir du rapport entre le cours de bourse d’une société et son bénéfice net après impôts ramené à une action [8], par exemple dans le secteur des nouvelles technologies dans les années 1990. Parmi les exemples plus récents, la méthode peut s’appliquer aux ratios prix / loyers sur le marché immobilier, aux ratios mesurant l’évolution des prix des logements par rapport à l’inflation, aux taux de logements vacants, et à bien d’autres choses (c’est l’ampleur de l’écart, associée à la taille du parc de logements, qui permet de mesurer l’ampleur de la bulle elle-même – dans le cas du marché immobilier [américain], Baker l’avait évaluée à 8 000 milliards de dollars).
Derrière cette méthode, on retrouve l’idée que les relations et les institutions de marché sont généralement stables, au sens où il existerait quelque chose comme un niveau « normal ». Ce qui veut dire que, lorsque les prix décrochent de leurs valeurs habituelles, un retour brutal à la situation initiale finira toujours par se produire : cela commence par une bulle et finit par un crash. Ceux qui ont acheté au prix fort devront vendre au plus bas et se retrouveront ruinés. Pendant six ans, Baker a multiplié les mises en garde contre ce scénario.
Détecter les bulles en train de se former a une vertu capitale : la plupart du temps, cette méthode fonctionne. Mais il s’agit d’une méthode sans fondements théoriques solides. À chaque fois, il y a un risque qu’elle échoue : les relations entre les institutions du marché en question – comme le ratio « normal » prix / loyer ou le PER – peuvent évoluer. Mais peut-être qu’un nouveau paradigme est en train de voir le jour, après tout.

3. De Keynes à Godley

L’œuvre de Keynes est étroitement liée au cadre de la comptabilité nationale, ce que nous appelons [aux États-Unis] National Income and Product Accounts (NIPA). Le produit total est le flux des dépenses qui alimentent l’économie, et ce que nous appelons croissance économique est la mesure des variations de ce flux. Les dépenses sont de plusieurs ordres : on peut schématiquement distinguer les dépenses de consommation, d’investissement, les dépenses de fonctionnement de l’État et les exportations nettes. Chacune de ces dépenses fait l’objet d’une théorie spécifique permettant d’en analyser les mécanismes [9].
Les relations comptables décrivent le monde dans des termes relationnels. La notion de Produit national brut, en particulier, qui définit la dépense totale par la somme des dépenses qui la composent [10], présuppose l’existence d’une relation de réciprocité et de compensation entre les déficits budgétaires et l’épargne privée. Plus précisément, le solde du secteur privé (l’excès de l’épargne nationale sur l’investissement national) doit toujours être égal à la somme du déficit budgétaire et des excédents nettes d’exportation. Ainsi, à balance commerciale inchangée, un creusement des déficits publics se traduit par une hausse de l’épargne privée. Et inversement, un accroissement de l’épargne privée augmente le déficit budgétaire.
C’est en s’inspirant de cette idée que Wynne Godley, l’économiste de Cambridge (Grande-Bretagne), et une équipe du Levy Economics Institute ont consacré une série d’analyses à l’économie américaine, mettant en garde à plusieurs reprises contre l’évolution inquiétante de la balance courante et surtout contre la dégradation du solde du secteur privé [11]. Ils montraient que les surplus budgétaires de la fin des années 1990 (et les déficits légers des premières années de la décennie suivante) correspondaient à un accroissement de l’endettement privé (l’investissement prenant le pas sur l’épargne). Ils faisaient valoir que, pour financer ces dettes, les ménages seraient tôt ou tard contraints de réduire leurs dépenses, ce qui provoquerait à son tour un ralentissement de l’activité, un effondrement du prix des actifs correspondants, et une baisse des revenus de l’impôt. En conséquence, le déficit budgétaire allait encore s’accroître et finirait par crever le plafond. Là encore, c’est à quelques nuances près ce qui s’est produit sur le plan économique.
La méthode de Godley ressemble à celle de Baker : un état est considéré comme instable dès lors qu’un indicateur (ou ratio) s’écarte de ses valeurs antérieures. La différence est que Godley s’appuie sur un cadre comptable ; son approche est donc structurée et permet de comprendre ce qui peut et ce qui ne peut pas être supporté par le système. C’est un progrès très net.
Par exemple, jusqu’à une date récente les surplus du secteur public étaient rendus possibles par l’accumulation de la dette privée. Cela soulève une question cruciale : un tel endettement peut-il être supportable, et que se passe-t-il quand il ne l’est plus ? La question peut être retournée en période de crise. Le secteur privé se remettant à épargner, il est inévitable que les déficits publics se creusent. Mais jusqu’où les hommes politiques, peu familiers de ces relations, seront-ils prêts à tolérer de tels déficits ? La question mérite d’être posée, car le jour où ils ne le seraient plus pour des raisons politiques, l’économie pourrait s’effondrer.
Sur la scène internationale, la volonté de nombreux pays étrangers de détenir des bons du Trésor américain fournit une contrepartie à notre dette publique : les déficits seront inévitables tant que le monde entier continuera de voir une valeur refuge dans ces obligations d’État. Mais cela soulève encore une autre question : pour quelles raisons les banques centrales cherchent-elles à constituer de telles réserves ? La démarche de Godley a donc le mérite de focaliser notre attention sur l’essentiel : sur ce que nous savons et sur ce qu’il faudrait que nous sachions.

4. De Minsky aux dynamiques financières non linéaires

Les travaux de Hyman Minsky abordent le problème de l’instabilité financière sous un autre angle. Une idée centrale chez lui est que la stabilité engendre l’instabilité [12]. Durant les périodes de calme et de croissance soutenue, les opérateurs de marché se lassent de plus en plus des rendements modérés. Pour augmenter la rentabilité de leurs placements, ils commencent à prendre des risques de plus en plus importants, et se lancent dans des paris aux effets de levier de plus en plus élevés. Des positions financières jusqu’alors viables, au regard des cash-flows passés – des positions de couverture (hedge positions) – font alors place à d’autres, dont on sait d’avance qu’à terme elles devront être refinancées. Ce sont des paris spéculatifs. Ce qui suit est une transition en douceur, imperceptible, où les positions spéculatives se transforment en positions qui ne peuvent plus être refinancées que par des nouveaux emprunts toujours plus importants. C’est la dernière étape, la chaîne de Ponzi, qui s’effondrera une fois découverte.
L’analyse de Minsky montre que l’instabilité financière du capitalisme n’est pas seulement inévitable mais qu’elle lui est intrinsèque : l’instabilité vient de l’intérieur, sans que des causes externes ou des « chocs » ne soient nécessaires. Il n’y a pas de croissance équilibrée qui puisse perdurer indéfiniment. À moins de changer le système, la responsabilité des pouvoirs publics est donc de réguler les pratiques financières, de limiter la spéculation et d’allonger ainsi au maximum la phase d’expansion du cycle.Ces réflexions trouvent leur prolongement dans des études plus récentes des systèmes dynamiques non linéaires. On songe notamment aux travaux de Peter Albin, de Barkley Rosser Jr. et de Ping Chen [13]. Une des propriétés des systèmes non linéaires est la succession de différentes phases de transition, de la situation d’équilibre aux cycles qui se répètent deux, quatre ou huit fois de suite pour finalement aboutir au chaos déterministe. Ces phases de transition, semblables à celles de l’eau passant de l’état solide à l’état liquide puis à l’état gazeux, sont qualitativement distinctes, intrinsèquement stables, et aux frontières bien délimitées. Le passage de frontière, nous explique-t-on, ne constitue en rien un « changement de paradigme » ; c’est simplement le même système intégré qui passe d’un état à un autre. Réguler le système consiste par conséquent à le maintenir dans une de ses phases de stabilité – celle de couverture ou celle de spéculation – bien à l’écart de la frontière où commence la transition associée aux schémas de type Ponzi, où l’effondrement devient inévitable.
C’est une idée simple. Et pourtant, elle n’a pas été prise en compte par le courant dominant dans sa réflexion sur les mesures à prendre pour faire face à la crise. Ping Chen cite sur ce point – pour le réfuter – Robert Lucas, l’économiste phare de l’école de Chicago :
« “La leçon principale qu’il nous faut retenir de l’hypothèse de l’efficience des marchés, écrit Lucas, est qu’il est vain de chercher à mettre fin à une crise ou à une récession en confiant à des banquiers centraux et à des régulateurs la tâche d’identifier et de neutraliser les bulles. Si de telles personnes existaient, le prix de leurs services serait très au-dessus de nos moyens”. Cela pourrait s’appeler le théorème de Lucas de l’impossible gestion des crises. Le problème est que ce théorème présente […] des failles évidentes. Nous avons montré dans notre théorie du marché viable qu’il existait des méthodes pour se prémunir contre les bulles. Par exemple, de brusques variations dans le volume des échanges à Wall Street signalent une intense activité spéculative de la part de gros investisseurs, et des comportements mimétiques de la part des “noise traders [14]. Une agence de régulation pourrait facilement prendre des mesures contracycliques, par exemple en renforçant les exigences de fonds propres, en limitant les effets de levier ou en augmentant le taux d’imposition des transactions » [15].
Au sein du courant dominant, en revanche, l’insouciance et le fatalisme se sont combinés pour justifier l’inaction. Cela explique l’empressement pathologique de certains économistes – Lawrence Summers par exemple – à apporter leur caution au démantèlement de règles qui, à l’instar du Glass-Steagall Act, avaient permis de tenir le système à distance de la phase de Ponzi. On se souvient aussi – pour rappeler un exemple grotesque – des propos d’Alan Greenspan encourageant la généralisation des crédits immobiliers spéculatifs. D’évidence, ce serait un grand progrès si la pensée de Minsky pouvait inspirer les pratiques de régulation. Une question demeure cependant en suspens : comment déterminer très concrètement le type de régulation qu’il nous faut adopter ?

5. De John Kenneth Galbraith à la nouvelle criminologie

Dans ce domaine, le point de départ de la réflexion est donné dans l’œuvre majeure de John Kenneth Galbraith, Le Nouvel État industriel  [16]. Énorme succès de librairie au moment de sa sortie en 1967, ce livre n’a cessé d’être critiqué par les économistes du courant dominant – non sans succès, puisqu’il a fini par être totalement oublié sous l’effet de la montée en puissance du néo-libéralisme. Il faut dire que ce livre représentait une menace de taille pour tout ce courant de pensée, car il visait, au moins partiellement, à remplacer une économie des marchés par une économie des organisations – des entreprises, des gouvernements, des syndicats et d’autres organisations – mettant l’accent sur les structures de gouvernance, les contre-pouvoirs (countervailing powers) et l’efficacité des efforts entrepris collectivement en vue d’objectifs communs.
Dans L’État prédateur [17], je soutiens qu’après 1970 les grandes entreprises américaines ont été précipitées dans la crise par des politiques de « stop and go », une compétition internationale intense, le changement technologique, et surtout par un affaiblissement des procédures de contrôle interne visant à les protéger contre les abus de la part de leurs dirigeants. Dans l’industrie financière, c’est précisément cet affaiblissement – voire la corruption – des instruments de contrôle, aussi bien internes que ceux imposés par les régulations externes, qui a mené au désastre.
Dans ce domaine, une observation attentive des faits nous en apprend parfois plus que les statistiques. Le travail que Gary Dymski a consacré en 2005 au marché des subprimesen est une bonne illustration. Il montre lui aussi qu’il était tout à fait possible de prévoir la crise. Il suffisait d’ouvrir les yeux :
« Il est probable que les emprunteurs potentiels se scinderont en deux groupes : ceux dont les actifs et la position offrent des garanties solides, et ceux dont les niveaux de richesse sont si faibles que leurs contrats seront rédigés dans le seul espoir d’en extraire suffisamment de gains de court terme pour compenser la situation d’insolvabilité qui se déclarera inévitablement (pour la plupart d’entre eux) à plus long terme… La crise financière que nous connaissons des travaux de Minsky se caractérise par l’effondrement des attentes et des possibilités de refinancement sur le marché formel... Il existe cependant un second type de crise, où cet effondrement se produit également sur le marché informel… Cela ne signifie pas que les personnes concernées disparaîtront ou cesseront d’emprunter : elles n’auront pas d’autre choix que de s’enfoncer toujours plus profondément dans l’endettement. Quand la valeur de l’actif aura été épuisée et qu’il n’y aura plus la moindre possibilité d’aménagement de la dette, leur vie finira par se confondre avec la crise financière » [18].
Les travaux de Dymski ont également bien décrit, et cela très tôt, les stratégies des grandes banques et d’autres acteurs du prêt immobilier vis-à-vis des populations pauvres et des minorités ethniques, ainsi que les pièges qu’ils leur ont tendus pour capter le peu d’actifs dont ces populations disposent. Cela pose inévitablement la question de leur responsabilité et nous amène à un autre important courant de recherches, consacré au comportement économique et au respect de la loi, et plus spécifiquement aux conditions d’émergence des « épidémies » de fraude.
Dans ce domaine, la principale référence est l’étude que William K. Black [19] a consacrée à la crise des Savings and Loans [20], où il développe la notion de « fraude du contrôleur » (control fraud) – une fraude au détriment d’une organisation, commise par ceux-là mêmes qui sont chargés de la contrôler [21]. Le même effort d’attirer l’attention des économistes mainstream sur ces phénomènes est visible dans les travaux d’Akerlof et Romer [22], eux-mêmes profondément inspirés par l’expérience de Black en tant qu’enquêteur et « lanceur d’alerte » dans l’affaire des Savings and Loans.
Dans la crise actuelle, les traces de fraude et de corruption sont partout : des termes du contrat du prêt immobilier et/ou hypothécaire à l’estimation des biens sur laquelle il était fondé, en passant par l’évaluation des collatéraux adossés à ces prêts, la grossière négligence des régulateurs et l’idée que les risques pourraient être neutralisés grâce à l’invention des credit default swaps – le substitut d’un contrat d’assurance auquel il manquait l’essentiel, à savoir des réserves en cas de pertes. Rien de tout cela n’a été anticipé par les économistes du courant dominant, qui considèrent généralement la criminalité comme un sujet indigne de leur talent. En découvrant aujourd’hui la vérité, souvenons-nous que le scandale des Savings and Loans s’était soldé par plus de mille inculpations et condamnations à des peines de prison. De toute évidence, à la croisée de l’économie et de la criminologie, de vastes espaces restent à explorer pour des chercheurs souhaitant aller de l’avant.

6. Conclusion

Paul Krugman a rendu un fier service en pourfendant les échecs d’un club dont il a été, durant de nombreuses années, un membre éminent. Je suis donc tenté de pardonner au rédacteur du New York Times Sunday Magazine d’avoir repris pour l’occasion, presque mot pour mot, le titre d’un de mes articles publié neuf ans plus tôt. Je ne résiste cependant pas à la tentation de citer mes propos de l’époque :
« Les membres les plus influents de la profession […] ont formé une sorte de Politburo de l’économiquement correct. En règle générale – comme on pouvait s’y attendre dans un club de gentlemen –, cette appartenance les a placés du mauvais côté sur toutes les questions politiques importantes, et cela depuis des décennies. Ils prévoient des désastres qui n’ont jamais lieu. Ils excluent la possibilité d’événements qui finissent par se produire… Ils s’opposent aux réformes de bon sens les plus nécessaires, leur préférant de simples placebos. Ils sont toujours aussi surpris lorsqu’un événement fâcheux – comme une récession – se produit. Et quand ils finissent par se rendre compte que telle ou telle position est intenable, ils ne reviennent pas dessus. Ils n’imaginent pas qu’il puisse y avoir de faille dans une théorie. Ils préfèrent alors changer de sujet. Dans un tel club, on ne perd pas la face parce qu’on s’est trompé. On ne cesse jamais d’être invité dans les colloques et les congrès suivants, pour présenter ses travaux. Et le club reste toujours aussi fermé à ceux qui n’en sont pas membres » [23].
Voilà le problème principal. Comme je l’ai montré à travers ce rapide état des lieux – qui demeure incomplet –, il existe un corpus très riche de littérature et de travaux économiques permettant d’étudier l’économie réelle et ses problèmes. Cette littérature est pertinente d’une façon que le courant dominant, y compris dans ses nouvelles approches à la mode comme l’« économie comportementale », n’est tout simplement pas. Mais quelle est la place de ces travaux dans les débats académiques ? Elle est à peu près nulle.
Il est donc inutile d’enfermer la discussion dans le cadre étroit d’une science économique conventionnelle. L’urgence est bien plus d’élargir le champ académique et de donner de la visibilité à des travaux qui nous sont réellement utiles pour faire face aux terribles problèmes économiques de notre époque. Il faut qu’on puisse faire carrière académique dans des domaines et avec des approches qui ont fait la preuve de leur utilité. Cette tâche ne doit manifestement pas être confiée aux départements d’économie concernés, mais aux conseils d’administration, aux organismes de financement, aux fondations, aux étudiants et peut-être même à leurs parents. L’idée n’est pas de se disputer indéfiniment avec Bonnet Blanc et Blanc Bonnet, mais de dépasser leurs querelles et d’avancer vers le champ qui doit être là quelque part, qui en effet est bien là.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Emmanuel Fournier, revu par Aurore Lalucq et Wojtek Kalinowski.
Cet article est paru en anglais dans la revue Thought & Action (automne 2009), sous le titre « Who Are These Economists, anyway ? ». Version française publiée en partenariat avec l’Initiative internationale pour repenser l’économie (www.i-r-e.org).
par James K. Galbraith , le 23 février 2010


    Aller plus loin
Sur le web :
  • La réponse de Martin BailyBrookings, 8/09/2009. Martin Baily soutient que la nouvelle théorie macroéconomique si décriée par Krugman n’a pas été si influente qu’il le dit sur les praticiens de la politique économique. Le manque d’intérêt pour les signes avant-coureurs de la crise s’explique moins par les courants académiques fustigeant Keynes que par une certaine complaisance issue d’un faux sentiment de sécurité : après 20 ans sans crise majeure dans le monde développé, les responsables de la politique économique étaient devenus sûrs d’avoir tout prévu.
  • Barry Eichengreen, dans The National Interest, a un point de vue différent de celui de Krugman. Pour lui, ce n’est pas la théorie économique qui s’est révélée insuffisante, mais sa réception dans le monde de la politique et de la finance. De larges pans de la théorie économique moderne traitent des faiblesses structurelles et des conflits d’intérêts inhérents au modèle capitaliste, mais ces aspects n’ont pas été appliqués.
  • Un autre papier influent sur un thème proche, le dossier de The Economist en juillet dernier :
    • le dossier lui-même se divise en deux parties. Un premier article de fond examine sans complaisance les insuffisances de la macro des années 1980, et en particulier des populaires modèles DGSE. Il présente ensuite le débat actuel entre ceux qui veulent modifier totalement le paradigme, ceux qui, comme Krugman, appellent à un retour de Keynes et ceux qui veulent enrichir les modèles modernes. Le deuxième article fait le point sur le statut de l’hypothèse d’efficience des marchés à la lumière de la crise.
    • une réponse de Robert Lucas deux semaines plus tard défend l’intérêt de la macroéconomie moderne. Il voit les critiques actuelles comme opportunistes : il s’agit à ses yeux de courants existant depuis longtemps et qui font simplement feu de tout bois pour avancer leurs idées. A contrario, il défend la profession en arguant que son rôle est de toute façon modeste : les macroéconomistes savaient qu’une crise était possible, mais ce n’est pas pour autant qu’il était raisonnable de prendre préemptivement des mesures drastiques. En revanche, l’action en réponse à la crise montre à ses yeux que les politiques économiques informées par les théories des vingt dernières années autant que par les courants plus anciens (y compris keynésiens) ont permis d’éviter une crise aussi grave que celle de 1929.
Références bibliographiques :
  • George Akerlof, Paul M. Romer, « Looting:The Economic Underworld of Bankruptcy for Profit », Brookings Papers on Economic Activity, Economic Studies Program, The Brookings Institution, vol. 24, 1993.- Peter S. Albin, Barriers and Bounds to Rationality, Princeton, Princeton University Press, 1998.
  • Giovanni Arrighi, « The Social and Political Economy of Global Turbulence », New Left Review, mars-avril 2003.- Dean Baker, « The Run Up in Home Prices : Is It Real or Is It Another Bubble ? », 5 août 2002 (www.cepr.net/documents/publications/housing_2002_08.htm).
  • William K. Black, The Best Way to Rob a Bank is to Own One, Austin, University of Texas Press, 2005.- Patrick Bond, « Crunch Time for US Capitalism ? », Z-Net Commentary, 4 décembre 2004.
  • Robert Brenner, The Boom and the Bubble, New York, Verso, 2003.- Robert Brenner, « The Origins of the Present Crisis », 2009 (www.sscnet.ucla.edu/issr/cstch/).
  • Jing Chen, James K. Galbraith, « A Biophysical Approach to Production Theory », University of Texas Inequality Project Working Paper, 55, février 2009.
  • Ping Chen, Micro Interaction, Meso Foundation, and Macro Vitality, à paraître.- Jane D’Arista, « The Overheated Mortgage Machine », Flow of Funds Review & Analysis, décembre 2002.
  • Paul Davidson, Financial Markets, Money and the Real World, Londres, Edward Elgar, 2003.- Gary Dymski, « Financial Globalization, Social Exclusion and Financial Crisis », International Review of Applied Economics, 19, n° 4, octobre 2005, p. 439-457.
  • James K. Galbraith, « How The Economists Got it Wrong », The American Prospect, février 2000.
  • James K. Galbraith, The Predator State, New York, Free Press, 2008.
  • John Kenneth Galbraith, The New Industrial State, Princeton, Princeton University Press, 2007 [1967].
  • Wynne Godley, « Prospects for the United States and the World : A Crisis That Conventional Remedies Cannot Resolve », Levy Economics Institute Strategic Analysis, décembre 2008 (www.levy.org).
  • David Harvey, The New Imperialism, Oxford, Oxford University Press, 2005.
  • John M. Keynes, The General Theory of Employment Interest and Money, Londres, MacMillan, 1936.
  • Paul Krugman, « How Did Economists Get it So Wrong ? », New York Times Sunday Magazine, 6 septembre 2009.
  • Hyman P. Minsky, Stabilizing an Unstable Economy, New York, McGraw-Hill, 2008.- Philip Mirowski,More Heat Than Light, New York, Cambridge University Press, 1991.
  • Barkley Jr. Rosser, Mauro Gallegati, Antonio Palestrini, « The Period of Financial Distress in Speculative Markets : Interacting Heterogeneous Agents and Financial Constraints »,Macroeconomic Dynamics, à paraître (disponible sur : http://cob.jmu.edu/rosserjb).
  • Janine Wedel, Collision and Collusion. The Strange Case of Western Aid to Eastern Europe, Londres, Palgrave-MacMillan, 2001.
  • Ellen Meikskins Wood, Empire of Capital, New York, Verso, 2005.

Pour citer cet article :

James K. Galbraith, « Mais qui sont donc ces économistes ?. Retour sur ceux qui avaient donné l’alarme sans être entendus », La Vie des idées, 23 février 2010. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/Mais-qui-sont-donc-ces-economistes.html

Notes:
[1John Meynard Keynes, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, 1936 (NdT : les références bibliographiques complètes sont données en fin d’article).
[2Ibid.
[3NdT : Les Liberal Art Colleges sont des établissements d’enseignement supérieur qui ne possèdent pas de laboratoire de recherche et qui ne délivrent ni de diplômes de troisième cycle, ni de diplômes professionnels. Ils servent souvent comme une préparation généraliste aux étudiants qui souhaitent ensuite se spécialiser dans une discipline précise.
[4Je passe sur les travaux des économistes d’entreprise, comme Nouriel Roubini, dont je ne parviens pas clairement à discerner les méthodes, ou Nassim Taleb dont le nihilisme me paraît excessif lorsqu’il dit que rien ne peut être prédit ; en l’occurrence, la présente crise a été prévue par certains. Je ne traite pas non plus des travaux des grands théoriciens comme Paul Davidson (voir la bibliographie) ou Joseph Stiglitz. Tous les deux ont présenté des raisons d’ordre général de s’attendre à une crise, mais ont beaucoup moins décrit les raisons spécifiques qui allaient mener à la crise.
[5Bond, « Crunch time for US Capitalism ? », 2004 ; Brenner, The Boom and the Bubble, 2003 ; Wood,Empire of Capital, 2005 ; Harvey, The New Imperialism, 2005 ; Arrighi, « The social and political economy of global turbulence », 2003 ; Brenner, « The origins of the present crisis », 2009.
[6Baker, « The run up in home prices », 2002.
[7Tout comme celle de Jane D’Arista, dans un de ses travaux sur les mouvements de capitaux : « L’éclatement de la bulle hypothécaire pourrait déclencher des bouleversements financiers importants, aux conséquences macroéconomiques bien plus profondes que celles engendrées par le remue-ménage consécutif à la crise des S&L des années 1980 » (voir bibliographie).
[8NdT : soit le PER – Price Earnings Ratio – ou le coefficient de capitalisation des résultats.
[9Comme Mirowski l’a montré, on peut considérer que, chez Keynes, les dépenses totales constituent l’étalon de valeur dont l’équivalent dans les théories précédentes pouvait être l’or, le travail ou le bien être psychologique.
[10C+I+G+X-M=Y. Avec Y pour le revenu, C pour la consommation, I pour l’investissement, G pour les dépenses de l’État, X pour les exportations, et M pour les importations. La seconde relation nous donne (S-I) = (G-T) + (X-M) où S est défini par Y-C-T avec T pour les taxes.
[11Godley, « Prospects for the United States and the World », 2008.
[12Minsky, Stabilizing an Unstable Economy, 2008.
[13Albin, Barriers and Bounds to Rationality, 1998 ; Rosser et al., « The period of financial distress in speculative markets », à paraître ; Chen, Micro Interaction, à paraître.
[14NdT : dans la théorie financière, le « noise trader » est un investisseur qui n’est pas pleinement rationnel et dont la demande d’actifs financiers est affectée par d’autres mobiles – émotions, mimétisme, etc. – que l’analyse des « fondamentaux » économiques.
[15Chen, Micro Interaction, à paraître.
[16John Kenneth Galbraith, Le Nouvel État industriel, 2007.
[17James K. Galbraith, The Predator State, 2008 (tr. française : L’État prédateur, Seuil, 2009).
[18Dymski, « Financial globalization, social exclusion and financial crisis », 2005.
[19Black, The Best Way to Rob a Bank is to Own One, 2005.
[20NdT : crise bancaire qui, entre 1986 et 1995, vit disparaître plusieurs centaines de caisses d’épargne (les Savings and Loans) spécialisées dans les prêts hypothécaires.
[21Il existe de nombreux parallèles entre l’étude du « pillage des organisations » (organizational looting) dans les économies développées de l’Ouest et celle des économies dévastées de l’Europe de l’Est (voir bibliographie).
[22Akerlof, Romer, « Looting : the economic underworld of bankruptcy for profit », 1-74.
[23Galbraith, « How The Economists Got it Wrong », 2000.


The Mid-Life Crisis of Neo-Liberalism

by Emile Chabal , 4 July 2012

Serge Audier has set out to rewrite and rehabilitate the history of neo-liberalism. It is an important task but one which depends, not simply on showing what neo-liberalism was not, but also what made it such a powerful language of politics.

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Serge Audier, Néo-libéralisme(s) – une archéologie intellectuelle, Paris, Grasset, coll. « Mondes vécus », 2012, 628 pp.
Serge Audier has become one of France’s pre-eminent political genealogists. His method is simple: he takes an idea or concept and explores its origins, its diverse meanings and the networks that sustain it. In some cases, the coherence of the concept he chooses is historically defined – as in the case of his work on liberal socialism, French “solidarisme” and republicanism. [1] In other cases, he himself identifies an over-arching theme. This was the approach in La Pensée anti-68 (2008), where he tried to bring together a wide range of contemporary French political discourses and show the extent to which they all articulated a rejection of 1968. [2]] Whatever the chosen concept, his books usually rely on an extensive use of archival material – and they pay close attention to the multifarious meanings of a concept. The aim is to disentangle myth from reality and rehabilitate ‘lost’ ideas.
This method is much in evidence in Audier’s vast new book, the aptly-namedNéolibéralisme(s): une archéologie intellectuelle. Building on his earlier work on the Colloque Walter Lippmann, he sets out to demolish received ideas about what neo-liberalism is and where it comes from. [3] His focus is squarely on the period 1930-60 and the relationships between a number of central figures of mid-century (neo-)liberalism. Of these, the best known are probably Friedrich Hayek, Ludwig von Mises, Wilhelm Röpke, Raymond Aron and Milton Friedman. But Audier also restores to prominence a whole host of lesser-known philosophers, economists, public intellectuals and political theorists who gravitated around the Colloque Walter Lippmann in the 1930s and the Société Mont Pèlerin after the Second World War.

In Search of Neo-Liberalism

It is here that Audier is at his most penetrating. The two lengthy chapters he devotes to the layers of networks that tied together the key actors of mid-twentieth century liberalism can sometimes read like a succession of mini-biographies but they demonstrate clearly the degree to which European and American liberalism lacked unity when faced with the tragedies of the age. While some were tempted by authoritarianism in the form of fascism or, later, military dictatorship, others sought a more thoroughgoing liberal revolution by denouncing Roosevelt’s New Deal or post-war Keynesianism. Even as neo-liberalism triumphed in the 1970s, its key protagonists could not always agree on whether the accent should be on conservative restoration or market-driven individualism. Reagan and Thatcher’s paeans to the minimal state in the 1980s were welcome rhetoric but, in the end, neither leader was successfully able to “roll back the frontiers of the state”, nor were they entirely sure what this meant in practice. The climax of neo-liberalism was just as confused as its tentative beginnings in the 1930s.
Audier’s message is clear: for him, it is nonsense to suggest that a well-defined and predatory neo-liberal ideology emerged in the 1930s and was consummated in the 1970s. It is a point the author does not hesitate to state forcefully. The opinions of prominent commentators such as Serge Halimi, Noam Chomsky, François Denord and, in particular, Pierre Dardot and Christian Laval are singled out for sharp criticism. They are collectively accused of grossly oversimplifying the realities of ‘neo-liberalism’, and constructing a schematic teleology that leads from the Colloque Walter Lippmann to American neo-imperialism in Iraq and the financial crash of 2007-8. In Audier’s view, the harnessing of the term neo-liberal has led to an array of falsifications, simplifications and distorted chronologies that do nothing to illuminate the work of some of the key figures discussed in the book. Thus, it makes little sense to see Hayek or Aron as avatars of twenty-first century neo-liberal ideology and it is simplistic to suggest that the Société Mont Pèlerin was the crucible of a global “conspiracy” to restore free market capitalism and a ‘neo-liberal Europe’.
Audier’s evident frustration with these critics of neo-liberalism reflects deeper schisms in contemporary French politics. As numerous historians have pointed out, twentieth-century France has remained unusually hostile to liberalism. [4] The French neo-liberal revival in the late 1970s and 1980s was severely curtailed by the legacy of Gaullism and the persistence of strong languages of Marxism. The critics to whom Audier is responding fall firmly into the second category. They have continued a critique of liberalism that has long been an important component of both Marxist and contemporary French political thought. Using Bourdieu, Foucault or the anti-globalisation movement as their intellectual alibis, they have gone in search of neo-liberalism’s ‘shameful’ past and have made sure their voices are heard, especially amongst a French public sector notoriously unsympathetic to any hint of encroaching “Anglo-Saxon liberalism”. It is this audience that urgently needs to read Audier’s sophisticated narrative. He shows that the history of “neo-liberalism” was not linear and its ideologues were not all apologists for socio-economic inequality.

Towards a History of Neo-Liberalism?

Yet, if Audier is right to discard the plethora of marxisant conspiracy theories about neo-liberalism, must he also discard all of the conceptual issues raised by its critics? It is on this specific point that Néolibéralisme(s) is less convincing, in particular for the historian seeking to understand the vast dissemination of so-called neo-liberal ideas from the 1970s onwards. The notion of a neo-liberal ‘rationality’, for instance, is one which Audier rejects on the grounds that it obscures the complex history of twentieth-century neo-liberalism. Fair enough, but such a notion need not suggest a subterranean or Foucauldian hegemony. It can be historically situated. In Europe, its rise coincided with the exhaustion of a Christian Democratic consensus after the Second World War, the social movements of the 1960s and a rising tide of anti-totalitarian thought in Western Europe. [5] It marked what some historians have called the return of a “merchant class”, whose legitimacy had been shattered by the Great Depression in the 1930s but who found a new lease of life as the post-war technocratic state met with renewed opposition in the 1970s. [6] It was this new generation – an odd conglomerate of post-1968 individualists, talented policy men and business gurus – that enthusiastically embraced neo-liberalism and made it into a global political philosophy.
Like the contemporary prosecutors of neo-liberalism who are the main targets of Audier’s ire, this generation also distorted or misunderstood neo-liberalism. But this does not invalidate their reading. Indeed, I would argue that these misunderstandings are as much a part of the archaeology of neo-liberalism as the doctrinal differences between its founding fathers. By emphasising the latter, Audier underplays the degree to which hostility to a global, state-led “Trente Glorieuses” underpinned the neo-liberal revival across Europe and North America in the 1970s. This helps explain why the intellectuals he identifies – the vast majority of whom shared a marked scepticism towards the state and a profound hostility to Communism – were so keenly read and shared.
Part of the problem is that Audier pays too little attention to some of the key concepts that have come to dominate our vision of neo-liberalism. A good example of this is the idea of the ‘market’, which (for better or worse) has become one of neo-liberalism’s defining characteristics. Audier, quite rightly, stresses how many of those subsequently tarred with the brush of neo-liberalism were extremely reticent about a market that would be little more than a self-regulating “invisible hand”. Nevertheless, the fact remains that this vision of the ‘market’ became the cause célèbre of a whole generation of American policymakers, academics and politicians in the 1980s and 90s. In order to understand this, we need to follow a historian like Daniel Rodgers and look to the circulation of ideas beyond the limited circle of a group like the Société Mont Pèlerin. [7] The neo-liberal ‘market’ is not just an invention of twenty-first century anti-liberal polemic; it provided a way of reconceptualising social and economic relations for a whole generation of European and American elites in the final decades of the twentieth century.

***

Despite its bold claims, this book is therefore better seen as a meticulous dissection of the life of a small group of mid-twentieth century liberals than as a historical analysis of neo-liberalism. Audier vividly brings to life the impassioned disagreements between some of Europe and America’s finest liberal intellectuals. He offers a nuanced examination of the networks that brought them together. He even provides a wide-ranging synthesis of contemporary scholarship on liberalism, with a bibliography in several languages. But, as the narrative approaches the 1970s and the point at which neo-liberalism enters the mainstream, it is overwhelmed by its subject. There are useful attempts to relate neo-liberalism to neo-conservatism and religious theo-conservatism but these give only a fragmentary sense of neo-liberalism’s power and potency. We are still left wondering why it coalesced into a coherent ideology and why so many people have been drawn to its principles and assumptions. Ultimately, Audier’s stimulating book is more of a ‘prehistory’ of neo-liberalism than an ‘archaeology’. A complete history of neo-liberalism remains to be written.
by Emile Chabal , 4 July 2012

Se descubre sistema de espionaje de redes sociales en México



Pillku


Ha sido usado antes por gobiernos para espiar activistas. Este servicio FinFisher solo se vende a gobiernos y agencias de inteligencia de acuerdo a una investigación de Wikileaks. Desde Octubre de 2012 opera en México de acuerdo a la organización Citizen Labs detectando su operación de en la red de Telmex y IUSAcell.
Antecedentes
Durante las protestas en Egipto en 2011 (#Jan25) impulsadas principalmente en redes sociales cientos de activistas sorpresivamente fueron encarcelados, otros que corrieron menos suerte fueron asesinados. Se supo entonces que las sorpresivas detenciones obedecían a que a través de sus computadoras y teléfonos la actividad y sus conversaciones de los impulsores eran monitoreados y grabadas. Fue entonces que detectaron que Twitter, Skype y Facebook eran blanco de un sistema complejo de espionaje por parte del gobierno de Hosni Mubarak. Los activistas egipcios sugerían no utilizar algunas redes para compartir información sensible, solo para difundir los resultados de las acciones.
La sospecha de los activistas fue confirmada por Wikileaks que filtró documentos encontrados en la oficina de Mubarak que sugerían que había contratado un sofisticado sistema de espionaje de redes sociales que accede a los cámaras y micrófonos de computadoras y teléfonos móviles siendo capaz de grabar conversaciones por Skype y tomar videos y fotos de quienes son elegidos como blancos.
Fue tras el triunfo de las protestas que Mubarak renunció y así se conocieron más detalles de este sistema y su comercialización.
FinFisher: Un sistema de espionaje para Gobiernos y Agencia de Inteligencia
Se descubrió que Gamma una empresa de software británica distribuye este sistema de espionaje que monitorea internet y las redes sociales pudiendo también hacer un seguimiento de personas a través de sus equipos. Gamma solo realiza ventas a Gobiernos y Agencias de Inteligencia.
Capturas de los servicios que ofrece Gamma a gobiernos y agencias de inteligencia filtrados por Wikileaks:

El descubrimiento de esta red en México
La organización Citizen Labs desde entonces realiza un escaneo en el mundo para descubrir los rastros de operación de esta red de espionaje:
“A raíz de esta aparente actualización a los servidores de comando y control FinSpy, ideamos una nueva huella digital y se realizó un análisis de la Internet para los servidores de comando y control FinSpy. Este análisis se llevó aproximadamente por dos meses, apoyado por el envío de más de 12 mil millones de paquetes. Nuestro nuevo análisis identificó un total de 36 servidores FinSpy, 30 de los cuales eran nuevos y sólo 6 de los que habíamos encontrado durante la exploración anterior. Los servidores operan en 19 países diferentes. Entre los servidores FinSpy hemos encontrado 7 en países que no habíamos visto antes.”
Nuevos países:
Canada, Bangladesh, India, Malaysia, México, Serbia, Vietnam.
¿Cómo funciona FinFisher?
Tras ser adquirido por el gobierno o agencia de investigación se debe instalar un servidor en las instalaciones de los porveedores de Internet, en el caso de México ha sido instalado en la red UniNet (Telmex) y IUSAcell PCS.
Este servidor rastrea el tráfico de internet de todo el país, detecta “objetivos” (personas a vigilar) para infectar sus equipos con programas especial y así recoge la información que es capturada de las computadoras y teléfonos y cibercafés intervenidos. Centrándose en el monitoreo de conversaciones en redes sociales y en servicios como como Skype. Teniendo acceso en todo momento a las cámaras y micrófonos de los equipos infectados.
En su monitoreo CitzenLabs encontró los rastros de esta red espía operando en las redes de Telmex y IUSAcell, cabe señalar que para instalar este tipo de infraestructuras debe contar con el conocimiento y la autorización de las empresas de telecomunicaciones.
FinFisher no solo ofrece monitoreo remoto en Internet, ofrece a los gobiernos camiones equipados para vigilar el tráfico en internet de edificios completos como ya ha ocurrido en China y Siria y que en el video filtrado por Wikileaks podemos ver su funcionamiento.
¿Quién espía a activistas y el internet doméstico en México?
Si este sofisticado servicio de espionaje fue detectado operando en México desde octubre de 2012 abre el paso a una serie de preguntas:
¿Qué gobierno compró y solicitó a Telmex y Iusacell que instalara esta infrestructura de vigilancia a redes sociales?
¿A quién y por qué se le vigila?
¿Qué se hace con la información de que recoge masivamente este sistema de monitoreo?
Este sistema ha sido usado en países que han vivido revueltas impulsadas en redes sociales. Si bien en México la SEDENA ha adquirido equipo de espionaje este está destinado a comunicaciones encriptadas que utilizan los narcotraficantes. Fin Fisher se centra en conexiones domésticas.
¿Quién está vigilando las conexiones domésticas en México? Para qué se vigila así a la ciudadanía.
Para saber más:
Fuente: http://pillku.org/article/se-descubre-sistema-de-espionaje-de-redes-sociales/

Europa está bloqueando medios de comunicación iraníes


librered


Los canales iraníes HispanTV, Press TV y Al-Alam en español, inglés y árabe respectivamente han sido objeto de una ola sin precedentes de ataques de Gobiernos europeos y compañías de satélite desde enero de 2012, entre los países se puede mencionar a Inglaterra, Francia, Alemania y España.

Empresas satelitales europeas sostienen que están “cumpliendo” con las sanciones impuestas a Irán.El Instituto Palestino para la Comunicación y el Desarrollo (PICD, por sus siglas en inglés) ha hecho un llamamiento para levantar la prohibición de los canales iraníes.
“En mi opinión, están poniendo a Press TV bajo la presión porque es independiente y diferente de los medios de comunicación occidentales y también por razones políticas y por su cobertura”, ha dicho Fathi Sabbah, director del PICD.
“La censura de los canales iraníes está en contra de la libertad de prensa y no debe ser tolerada”, ha añadido.
A su vez, uno de los miembros del Centro Al Mezan para los Derechos Humanos, Samir Zaqout ha declarado que quienes censuran un canal de noticias por su cobertura “simplemente tienen muchos prejuicios”.
“Bloquear las señales de los canales es un método antidemocrático y poco profesional. El bloqueo de los medios de comunicación es una violación de los derechos humanos”, ha subrayado.
La Red de Organizaciones No Gubernamentales de Palestina (ONGP) también ha condenado los renovados ataques a los medios de comunicación iraníes.
Amyad Shawa, miembro de la ONGP, ha expresado que la prohibición de los canales iraníes fue una gran violación de los derechos de las personas a tener acceso libre a la información, e insistiendo en el papel principal de Press TV en “enviar el mensaje real” desde la Franja de Gaza, cuyos habitantes sufren diferentes formas de bloqueo.
Press TV ha cubierto ampliamente la agresión israelí contra los palestinos desde que se puso en marcha, y muchos palestinos creen que los ataques a los canales iraníes se deben a su amplia cobertura de la agresión israelí.
Activistas de medios masivos tildan los ataques a los canales iraníes de una campaña en contra de la libertad de expresión en marcha por los mismos Gobiernos europeos que predican la libertad de expresión.

Fuente: http://www.librered.net/?p=27918

Brasil: La dificultad de avanzar en las reformas necesarias






Las multitudinarias protestas en las principales urbes del país vecino pusieron de manifiesto la necesidad del gobierno brasileño de realizar dos reformas que viene postergando hace tiempo, en pos de la necesaria “conciliación” con los factores de poder que garantizarían la “gobernabilidad”.
En primer lugar, una reforma política, capaz de terminar con el financiamiento privado de las campañas políticas que da origen a casos resonantes de corrupción como el mensalão de 2005, así como idónea para establecer una mayor vinculación entre las aspiraciones de la ciudadanía y el funcionamiento parlamentario. Desde el mencionado mensalão en 2005, con el propósito de garantizar la gobernabilidad, el gobierno Lula se vio obligado a ceder importantes ministerios al PMDB (Partido del Movimiento Democrático Brasileño). Sin embargo, este partido, de amplia representación parlamentaria, se beneficia de la continuidad del statu-quo y del esquema político de intercambios partidarios que incluyen fondos de origen oscuro. La reforma política forma parte de las aspiraciones del PT desde su llegada al gobierno en 2003. No obstante, su realización es impedida por las propias necesidades del gobierno de no entrar en tensión con el PMDB -que se resiste a la reforma- para sostener la integridad de su coalición política.
En segundo lugar, para contrarrestar el moralismo denuncista que adoptan frente al gobierno los grandes medios, sería necesario realizar una reforma comunicacional capaz de regular los medios de comunicación, ya que en Brasil, desde la dictadura brasileña, las principales revistas, periódicos, y canales de televisión se encuentran concentrados en manos de unas pocas familias. Esta reivindicación forma parte del programa histórico del PT. Sin embargo, el denominado por Venício Lima “coronelismo electrónico”, que supone la utilización por parte de las elites políticas regionales de las concesiones de radiodifusión y los medios -consolidado desde la gestión del conservador Ministro de Comunicaciones Antonio Magalhaes durante el gobierno Sarney- supone una red de intereses creados contra la cual resulta difícil avanzar.
La apelación a un plebiscito popular, donde la heterogeneidad de las reivindicaciones de las protestas pueda ser canalizada desde el gobierno brasileño en la aspiración de realizar una reforma política, podría suponer un avance en pos de reestructurar la conservadora configuración actual del orden político brasileño. Sin embargo, no será una apuesta fácil para el gobierno Dilma, que corre el riesgo de hacer crujir su coalición gubernamental.
Ariel Goldstein es Sociólogo (UBA). Instituto de Estudios de América Latina y el Caribe (Iealc).

Rebelión ha publicado este artículo con el permiso del autor mediante una licencia de Creative Commons, respetando su libertad para publicarlo en otras fuentes.

El Apache Gerónimo, un apunte biográfico

Gerónimo, un apunte biográfico

Rebelión/El Viejo Topo

Presentación de "Sobre Gerónimo" de Manuel Sacristán (El Viejo Topo, Barcelona, 2013)

Gerónimo (Gojleyé, Go khlä yeh, Goyahkla [1]) nació el 16 de junio de 1829, en el cañón No-doyohn, en Arizona, y falleció el 17 de febrero de 1909. Se crió en la tierra que rodea las fuentes del río Gila (Gila River), uno de los principales afluentes del Colorado. Aquel territorio era la tierra de sus padres: “nuestros wigwam [viviendas, tiendas generalmente] se ocultaban entre aquellas montañas; los dispersos pequeños valles contenían nuestras tierras de labor; la pradera sin límites, que se extendía por cada lado, era nuestros pastos; las cavernas rocosas eran nuestras sepulturas” [2]. Era la zona en que se desarrolló en los primeros 500 años de nuestra era, según señala Manuel Sacristán en sus anotaciones, “la cultura Hohokam, una de las culturas ‘de antepasados”.
Gerónimo [3] fue el cuarto hijo de una familia de cuatro niños y cuatro niñas. Tuvo cuatro esposas que eran apaches bedonhoke [4] y otras cuatro que tuvieron, además, otra ascendencia apache. No fue el 4 un número cualquiera para Gerónimo. Stephen Melvil Barrett, el editor de su biografía, inspector de las escuelas de Lawton, asegura que creía firmemente en el destino y en la fuerza mágica de este número natural.
En torno a los ocho años, empezó a cazar. Nunca fue la caza para él un trabajo. Cazaban el búfalo a caballo, matándolo con flechas y lanzas. Usaban sus pieles para hacer cubiertas de tipis y lechos, y su carne para comer (los apaches sentían repulsión por comer carne de oso). Cazaban las águilas por sus plumas. La piel del ciervo, sin el pelo y curtida suave por las mujeres, la empleaban para confeccionar sus vestidos.
Cuando creció lo necesario “para ser suficientemente útil”, fue al campo con sus padres, “no para jugar, sino para trabajar”. Abrían la tierra con escardas de madera cuando llegaba la época de la siembra. “Sembrábamos el maíz en hileras derechas, los frijoles entre el maíz, y las sandías y las calabazas irregularmente por todo el campo”. Cultivaban esas cosechas “en la medida en que había falta”.
En 1846, con apenas 17 años, fue admitido en el consejo de guerreros de su tribu. Desde entonces pudo andar “con el sendero hermoso de la guerra en cuanto que se presentara la ocasión… Esperaba servir pronto a mi gente en la batalla”. No fue esa su mayor alegría. “Ahora me podía casar con Alope, la hermosa hija de No-po-so. Era una muchacha delgada y delicada, y habíamos sido amantes mucho tiempo”. Gerónimo había construido una casa para ellos, cerca del tipi de su madre.
En 1858, durante la matanza de Kas-ki-yeh ordenada por el gobernador Terrazas [5], su mujer, tres de sus hijos y su madre fueron asesinados. La masacre “civilizada” hizo que se pusiera al frente de las tribus apaches que atacaron el norte de México, diezmando las tropas que habían cometido la cobarde y criminal acción. Gerónimo lo explicó así:
Una tarde, ya a última hora, cuando volvíamos de la ciudad, nos salieron al encuentro unas pocas mujeres con niños, y nos dijeron que tropas mexicanas de alguna otra ciudad habían atacado nuestro campamento, matado a todos los guerreros de la guardia, capturado todos nuestros caballos, destruido nuestras reservas de víveres y matado a muchas mujeres y muchos niños.
Se separaron rápidamente, escondiéndonos lo mejor que pudieron, hasta que “cerró del todo la noche”.
[…] entonces nos reunimos en asamblea en el lugar que teníamos previsto, una zona de matorral muy espeso, junto al río. Llegamos cautelosamente uno por uno; colocamos centinelas y, una vez hicimos el recuento, descubrí que mi anciana madre, mi joven esposa y mis tres hijos estaban entre los muertos. No habíamos encendido ninguna luz en el campamento, de modo que, sin que los demás se dieran cuenta, me fui. Estuve mucho rato de pie junto al río.
Tras el asesinato de Mangas Coloradas por el general West, en el recrudecimiento subsiguiente de la guerrilla apache, destacaron Victorio, apache chi-hen-ne, y Cochise, apache cho-kon-en (chiricahua). Según Gerónimo su tribu “nunca tuvo dificultades con ellos”. Victorio, su jefe, fue siempre su amigo. “Siempre ayudó a nuestra tribu cuando le pedimos ayuda. Perdió la vida en defensa de los derechos de su pueblo”. Fue un hombre bueno y un guerrero valiente, añade. La tribu de Cochise “tuvo siempre las mejores relaciones con nosotros. A menudo estábamos juntos en el campamento y en la caza”. Naiche, hijo de Cochise, fue su “hermano de armas” y, más tarde, compañero de cautiverio.
En 1865, en Santa Rita, se reunieron los jefes apaches Victorio y Nana con representantes del gobierno norteamericano. Los conminaron a entrar en reservas. Cochise no aceptó la negociación y Victorio se negó a ir a Bosque Redondo. Meses después, el 1 de abril de 1866, el presidente Johnson vetó la ley de derechos civiles. El Congreso anuló la decisión y reconoció iguales derechos a todas las personas nacidas en los Estados Unidos…menos a los indios.
Entre 1868-1873 la actividad de Gerónimo en México fue reducida. Vivió en la reserva de San Carlos. Una ley de 1871 decretó la desposesión de su pueblo. Cochise rechazó de nuevo una invitación para ir a Washington y el 30 de abril se produjo la carnicería de los apaches aravaipas por los blancos de Tucson, en la reserva de Camp Grant. En julio de ese mismo año de 1871, el general George F. Crook tomó el mando militar en Arizona.
Al morir Cochise –en el verano de 1872 había roto las relaciones con el ejército americano y se había refugiado en el sudeste de Arizona-, su hijo proclamó a Gerónimo jefe de la tribu. Cuatro años más tarde, le obligaron a ingresar en una reserva. Rechazó la imposición y se refugió nuevamente, junto con Victorio, en Ojo Caliente. Se dieron órdenes para su detención. Los soldados mexicanos le engañaron en Casas Grandes.
En 1885, Gerónimo se marchó a México acompañado de un grupo de guerreros. Entre ellos, Chihuahua Mangas, el hijo de Mangas Coloradas, y Nachez. Al año siguiente, después de otra fuga junto aproximadamente una treintena de apaches, se dio orden de búsqueda y captura contra él. Se enviaron cinco mil soldados regulares, una parte considerable del ejército estadounidense de la época; se ofreció una recompensa de 2.000 dólares, y una red de puestos de heliografía transmitieron mensajes de monte en monte mediante espejos.
Detenido finalmente, se fugó de nuevo y resistió durante varios años hasta que, agotado y sin recursos, tuvo que rendirse al general Miles. Su única condición: volver a Arizona. El pacto no se cumplió [6] y volvió a ser considerado un criminal.
Tras varios años en trabajos forzados, Gerónimo se instaló finalmente en 1894 en Oklahoma como agricultor. Allí posó para los fotógrafos a cambio de dinero. En los últimos años de su vida, dictó unas memorias recogidas por S. M. Barrett [7] y editadas de nuevo por Frederick W. Turner en 1970, la edición traducida por Manuel Sacristán para la colección “Hipótesis”.
Murió el 17 de febrero de 1909 en el Hospital Militar de Fort Sill, Oklahoma. Un funcionario de la Iglesia Holandesa Reformada explicó que pocos días antes de su fallecimiento había ido a caballo a Lawton, una población cercana, a vender uno de los arcos en los que trabajaba constantemente. Se emborrachó con el dinero que había conseguido por la venta (Eugene Chihuahua le consiguió el whisky, era ilegal venderlo a los indios) y, al regresar, se cayó del caballo y pasó toda la noche tumbado en el suelo. Cuando se le encontró a la mañana siguiente estaba muy resfriado. Pronto empeoró. Amigos y familiares suyos lo cuidaron durante unos días. Un oficial médico ordenó finalmente su traslado, al pequeño hospital apache del puesto militar, el lunes 15 de febrero [8]. Tenía ya entonces una fuerte pulmonía. Falleció en el hospital sin llevar a ver a sus hijos Robert y Chilocco Eva. Asa Daklugie [9], un verdadero hijo para Gerónimo, le veló toda la noche. Naiche, al pie de su tumba, habló el día del entierro.
Su estatuto jurídico al morir, como recuerda Turner III, era el de “prisionero de guerra de los Estados Unidos de América del Norte”. Fue “un hombre agriado que hasta el final de su vida lamentó el haberse rendido al general Miles, en vez de combatirle hasta lo último en las montañas”. Si tenemos en cuenta cómo fue tratado en los años siguientes, comenta su editor, “no se le puede reprochar mucho esa actitud”. Fue allí donde los más “distinguidos” representantes de la civilización occidental proclamaron cínica y abiertamente que “el mejor indio es el indio muerto”.
Otros publicistas, horrorizados por el genocidio que se estaba cometiendo, acuñaron otro lema. “Hay que matar al indio para salvar al hombre”, leyenda aparentemente “piadosa” y mucho más “sofisticada” que ubicaron en uno de los muros del antiguo edificio de los archivos nacionales de Washington. Se trataba de “civilizar” a los indígenas para permitir el avance de la Humanidad. Un singular “intervencionismo humanitario” avant la lettre, otras de las melodías político-culturales ininterrumpidas del Occidente civilizado.
Adelantados en algunas experiencias a los norteamericanos, los “conquistadores” españoles procedieron mucho antes bajo divisas, lemas y acciones muy similares. Los apaches pronto se dieron cuenta que la “civilización”, en la forma de cristianización, les significaba una vida de esclavitud y sometimiento. Quizá por ello ante “sus hábitos, modales y feroz carácter se estrellaron todos los esfuerzos y el mágico ascendiente que tiene la religión para hacerse lugar en el más empedernido pecho”, como apuntó el historiador chihuahuense José Agustín de Escudero, angustiado por el terrible derramamiento de sangre en las aciagas horas de las guerras indias.
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En la cronología elaborada por Sacristán en la última de sus notas, además de informaciones sobre el contexto histórico y político en el que se desarrolló la vida y las luchas de Gerónimo, se ofrece numerosos datos biográficos de interés.
Como comenta F. W. Turner III en su “Nota acerca del texto” [10], Gerónimo contó la historia de su vida a Asa (Ace) Daklugie, hijo de Whoa (Who, Yuh), un jefe indio nedni hostil a los blancos norteamericanos que combatió junto a él durante las últimas campañas de los apaches y murió ahogado en un río en 1886, drogado con mezcalina, cerca de Casas Grandes (México), durante una misión pacificadora. Habló en su tipi, en casa de Asa Daklugie, un “sobrino” (según Debo un primo segundo) “en alguna vaguada de la montaña o mientras galopaba meciéndose por la pradera”.
Gerónimo, que se negó a aceptar la presencia de un taquígrafo así como a interrumpir su narración durante las sesiones por preguntas o dudas, explicó su historia durante 1905 y 1906, tres años antes de su fallecimiento. Daklugie, que había podido recibir seguramente alguna educación en la escuela india de Carlisle [11], en Pennsylvania, tradujo las historias de Gerónimo a S. M. Barrett, por entonces superintendente de educación en la comarca de Lawton (Oklahoma), quien les acompañó durante las conversaciones. Turner señala que Gerónimo habló libremente de los hechos de su vida, al modo característico de los indios [12]: decir sólo lo que le parece importante al narrador y de la manera y en el orden que le parecen adecuados. Empero, como Barrett apuntó, el viejo Gerónimo aceptó pasarse por el estudio del editor, o por algún otro lugar que se le indicara, para escuchar la reproducción de su historia. En esas ocasiones, contestaba las preguntas que se le hacían y añadía más información cuando se conseguía convencerle que era necesario para hacer más comprensible la narración y su propia historia [13].
Las notas de Sacristán para la traducción castellana, que aquí se recogen en su totalidad, también ayudan a ello... ¡y de qué modo tan sustantivo! Una muestra muy representativa de ellas por el rebelde y admirable sentimiento que incorpora:
Es notable el contraste entre esas autodefensas y el sobrio temple de Gerónimo. El chiricahua no tiene visiones, ni deliquios (aunque escucha con escepticismo cortés las visiones de otros), y sabe de sus antepasados que el buen sentir chiricahua se expresa en el hacer. Tanto en su narración cuanto en sus actos en Florida y en Oklahoma, Gerónimo busca tenazmente un objetivo que le parece alcanzable: que los apaches vuelvan a Arizona. Él, Gerónimo, quizá ya no. Parece incluso insinuar eso como precio que está dispuesto a pagar. Pero si sabe que su pueblo ha de volver, el mismo morirá, según dice, como muere un anciano satisfecho.

Notas:
[1] Significa “el que bosteza”. Algunos apaches han sugerido otro nombre que se pronuncia casi igual, cuyo significado es astuto, hábil, inteligente.
[2] Citas tomadas de Gerónimo. Historia de su vida, edición de S. M. Barrett, Hipótesis-Grijalbo, Barcelona, 1975. Presentación, notas y traducción –“puesta en lengua castellana”- de Manuel Sacristán, a partir de la nueva edición de Frederick W. Turner III. Angie Debo, autora de una de sus biografías de referencia -Gerónimo, el apache. El hombre, su tribu, su tierra y su tiempo, José J. De Olañeta, Palma de Mallorca, 2002, traducción de Francesc Gutiérrez-, sostiene a propósito del texto de Barrett: “Como relato basado en los hechos, el libro padece de la debilidad de memoria del anciano guerrero, sobre todo por lo que a la cronología se refiere, y probablemente también se resiente de su natural tendencia a exagerar sus hazañas juveniles. También parece evidente algún añadido imaginativo del redactor… Pero el espíritu del libro es inequívocamente indio, y se tata del primer testimonio de las guerras apaches vistas desde dentro” (p. 12, la cursiva es mía).
[3] El nombre le fue dado por los mexicanos. También los suyos le conocieron finalmente con él. Los paracaidistas norteamericanos, durante la II Guerra Mundial, gritaban “Gerónimo” cuando se lanzaban al vacío (tomado de A. Debo, ob cit, p. 11).
[4] Según S. M. Barrett, aparte de Gerónimo, vivían solamente cuatro apaches bedonkohe puros a principios del siglo XX: Perico (Caballo Blanco), Nah-da-ste (hermano y hermana de Gerónimo respectivamente), Mah-ta-neal y To-klon-nen.
[5] Sacristán informa sobre el gobernador mexicano en la primera de sus anotaciones.
[6] En el telegrama que el Comandante General O. O. Howard envió desde Presidio, San Francisco, California, el 24 de septiembre de 1866, podía leerse: “Al principio, ateniéndome a los informes oficiales, pensé que la rendición era incondicional, salvo que se prometía a los indios hostiles no ser muertos por el ejército. Ahora, teniendo a la vista los despachos el general Miles y su informe anual, remitido por el correo el 21, se aprecian sin duda alguna las condiciones de la rendición: primera, que las vidas de todos los indios estarán a salvo; segunda, que se enviará a los indios a Fort Marion, Florida, adonde ya se ha enviado a su tribu, incluidas sus familias…” [las cursivas son mías]. El brigadier general S. Stanley telegrafiaba el 22 de octubre de ese mismo año, desde San Antonio, Texas, señalando: “En cuando que se dieron cuenta de que tenían que irse de aquí, Gerónimo y Naiche pidieron tener una entrevista conmigo; les comuniqué con exactitud las órdenes que había a su respecto. Ellos consideraron la separación de sus familias como una violación de las condiciones de su capitulación, las cuales les habían garantizado, y del modo más inapelable que sus cabezas pueden concebir, que se reunirían con sus familias en Fort Marion”.
[7] El objetivo de Barrett fue apuntado con claridad –e inusual coraje cívico- en el breve prólogo, fechado el 14 de agosto de 1906, que escribió para la edición de la biografía: “La idea inicial al compilar esta obra era la de dar al público lector un informe auténtico de la vida privada de los indios apaches y aplicar también a Gerónimo, como prisionero de guerra, la cortesía que se debe a todo preso, id est, el derecho a exponer las causas que le movieron a oponerse a nuestra civilización y nuestras leyes. Quedaré del todo satisfecho si la causa india ha sido presentada adecuadamente, si la defensa del preso ha quedado claramente formulada y si se aumenta con todo ello el depósito de información general acerca de tipos humanos que están desapareciendo” [la cursiva es mía]
[8] Con la oposición de sus cuidadoras, su mujer entre ellas. En el hospital habían muerto muchos apaches. Lo conocían como “la casa de los muertos”.
[9] Literalmente, el nombre significa: “se ha abierto el camino a través”, “uno que se aferra”.
[10] Páginas 13-15 de la edición castellana.
[11] A principios del siglo XX, el capitán Pratt distribuyó un cuestionario para comprobar el grado de bienestar de los graduados de Carlisle. Asa Daklugie respondió. Dio las informaciones que se le pedían sobre su matrimonio, situación laboral, vivienda, y a la pregunta final –“Dime otra cosa de interés relacionada con tu vida”- respondió: “La ‘cosa interesante de mi vida actual’ es que desearía ver que el pueblo apache obtiene la libertad y deja de ser prisionero de guerra del Gobierno. Así tendrían sus propia patria” (tomado de A. Debo, Gerónimo, el apache, ob cit, pp. 389-390).
[12] Y, por supuesto, de muchos otros pueblos y culturas del mundo.
[13] Historia que, por supuesto, no finaliza con su muerte sino que se prolonga incluso en sus restos, cuya profanación, cuanto menos intentada, enlaza directamente la barbarie “civilizada” contra los pueblos indios con las presidencias norteamericanas de finales del siglo XX y principios del XXI (Véase la nota de este editor a lo comentado por Manuel Sacristán en su nota sobre “La tumba de Gerónimo”).

Salvador López Arnal es miembro del Frente Cívico Somos Mayoría y del CEMS (Centre d’Estudis sobre els Movimients Socials de la Universitat Pompeu Fabra de Barcelona; director Jordi Mir Garcia)