quinta-feira, 22 de dezembro de 2011

Como previu Marx, é uma crise de superacumulação

Europe, crise, clivages, alternatives, enjeux stratégiques [1]

mercredi 3 mars 2010, par Elisabeth Gauthier

1. La crise : quel constat ?

Nous avons affaire à une « double crise […] à deux crises simultanées – crise financière et crise de l’économie réelle. Bien évidemment, les deux se renforcent mutuellement, mais vouloir interpréter la récession de l’économie réelle uniquement comme conséquence de la crise financière et s’attendre que le dépassement de la crise financière conduirait à en finir avec la crise de l’économie réelle, cette option méconnaît la constellation des problèmes [...] La crise financière, provoquée par une expansion démesurée du crédit privé et public, a révélé de fait une crise de suraccumulation ayant émergé durant de longues années  »[2]. 2 900 milliards de dollars d’argent public ont été dépensés dans le monde pour relancer les économies. La dette moyenne des pays du G20 devait passer de 99 % du PIB en 2009 à 107 % en 2010 et 118 % en 2014[3]. Plus de 4 000 milliards de dollars de valeurs ont été détruits, mais sans que l’on ne puisse considérer que nous sommes en phase de sortie de crise ou que le système financier ne soit véritablement re-proportionné après la phase de suraccumulation.
Après la crise de Dubaï et de l’Islande, le marché a pris conscience de la possibilité d’un défaut d’État. Ceux qui ont été sauvés grâce aux moyens publics s’attaquent aujourd’hui aux pompiers, en pariant sur le krach d’économies nationales, voire de l’euro, pour tirer des bénéfices spéculatifs en fonction de la gravité du krach.
« On arrive à la limite des politiques de relance keynésiennes par les déficits publics »[4]. Henri Sterdyniak (France, OFCE) considère que « la situation est ingérable. Un plan de rigueur fondé sur des hausses d’impôts et des réductions de dépenses représentant 1 % du PIB, c’est 1 point de croissance en moins »[5]. En même temps, le FMI a mis en garde les États contre un arrêt trop rapide des stimuli. En effet, un remboursement de la dette trop rapide, une politique d’austérité contribueraient, en ralentissant la croissance, à créer un risque de récession et à diminuer les recettes fiscales. Déjà à l’étape actuelle, les amortisseurs sociaux classiques ne suffisent plus pour faire face aux conséquences sociales de la crise.
Dans un tel contexte, l’attitude des principaux responsables de l’UE refusant tout changement d’orientation, et préférant laisser des pays s’enfoncer dans la crise et prendre le risque de l’éclatement de la zone euro est totalement irresponsable[6], renforcera les phénomènes de crise et risque de conduire au développement d’attitudes nationalistes.
Concernant les politiques des gouvernements en 2008/2009, celles-ci ne peuvent pas être considérées comme keynésiennes. Dans l’optique de market state, elles ont mobilisé massivement des fonds publics mais sans toucher à la répartition des richesses entre travail et capital, entre les intérêts privés et l’intérêt commun. La Gauche doit insister sur le fait que les critères de développement économique, social et écologique ainsi que de stabilité dans le monde exigent le développement des marchés intérieurs, non sur la base de l’endettement privé ou public, mais sur la base d’une répartition nettement plus juste de la valeur ajoutée, en faveur du travail et de l’intérêt commun. L’UE et les États n’ont cessé de déplacer le curseur dans un sens toujours plus favorable aux actionnaires[7] et à leur transformation en « investisseurs » sans lien durable avec l’entreprise. De ce fait, ils ne peuvent plus se contenter de rester spectateurs tout en fournissant des aides publiques au privé ; ils doivent intervenir en faveur d’un autre partage de la valeur ajoutée (VA) et d’un autre pilotage de la gestion des entreprises.

2. L’impasse de l’UE

La crise actuelle de l’euro et de l’UE – un des centres de la crise – n’est pas seulement la conséquence de l’effondrement financier mondial. Elle révèle au grand jour l’échec de l’euro et les graves défauts de la construction européenne tels qu’ils ont été rejetés par la majorité des votants lors des référendums en France et aux Pays-Bas en 2005 et en Irlande. Ni l’UE ni les gouvernements respectifs n’ont respecté les décisions des peuples ; ils ont, au contraire, continué de mettre en œuvre les mêmes orientations.
La nature même de l’intégration européenne s’avère un facteur de crise. La crise a eu des conséquences particulièrement lourdes en Europe. L’euro et les orientations de l’UE ne sont pas conçus pour impulser une véritable coopération en faveur des populations, une nouvelle politique industrielle ou agricole, de recherche publique, de développement de services publics et d’infrastructures, en faveur d’un nouveau mode de développement. Les traités favorisent le dumping fiscal et social, et cherchent à orienter les flux d’argent vers les marchés. L’ensemble du dispositif favorise la mise en concurrence des salariés et des territoires, en faveur des grands groupes, des marchés financiers et des économies les plus compétitives des pays les plus puissants. En réalité, le pacte de stabilité – violé en permanence par les pays – a volé en éclats.
Selon le dogme prévalant en UE, l’intégration devait se réaliser sans heurts dès lors que capital et travail pouvaient circuler librement entre les anciennes « économies nationales ». En réalité, ce sont de nouvelles réalités de pouvoirs et d’échanges qui s’établissent[8]. « L’union monétaire a échoué, du moins dans cette forme que l’Allemagne a elle-même imposé avec tout son pouvoir. L’objectif allemand, de conférer à l’euro – à travers le pacte de stabilité et la Banque centrale indépendante – la force du D-Mark et d’exclure tout transfert de paiements à des pays plus faibles et de s’assurer de la possibilité si importante d’exportation dans les autres pays européens, ne s’est pas réalisée, et ne se réalise pas dans la crise.[9] » Selon Heiner Flassbeck, économiste en chef de l’UNCTAD, la Grèce aurait perdu ses ressources, en raison de la spirale descendante de son économie avec la mise en concurrence et le dumping salarial allemand. La vision allemande à court terme finirait par menacer l’élite et le patronat allemands de perdre ses marchés pour l’exportation[10]. De nouvelles politiques de compensations, d’intégration progressive seraient nécessaires, dès lors que l’on souhaite qu’un territoire moins développé puisse acheter des productions des pays leader… Le transfert de gouvernance du centre – privatisation et austérité – vers la périphérie renforce à l’échelle européenne les puissances les plus importantes de la même façon que face aux classes dominées à l’intérieur de chaque pays[11].
Alors que les contradictions se développent entre le centre – les pays les plus puissants en Europe – et les périphéries, c’est également au sein de chaque pays que s’accentuent les inégalités, les problèmes d’emploi et sociaux, les atteintes à la démocratie et les conflits. Ainsi, dans le pays le plus puissant de la zone euro, la pression exercée par le patronat et le gouvernement sur les salaires a été particulièrement forte et efficace. C’est à l’intérieur de chaque pays et au sein de l’UE que la recherche de gains de compétitivité a produit les ravages économiques, sociaux et politiques qui s’accentuent aujourd’hui avec la crise.
Le débat autour d’une « nouvelle gouvernance » bat son plein. Sarkozy et Merkel veulent s’en servir comme d’un pouvoir accru des plus puissants, sans modifier les orientations dont l’échec ne peut pourtant plus être masqué. Aucune réorientation n’est envisagée par les principales puissances en Europe. Les timides tentatives européennes visant à superviser et à réguler la finance ne sont pas suffisantes et ne répondent qu’à des enjeux très partiels[12]. La proposition d’une nouvelle taxe paneuropéenne sur des transactions financières est fort utile, mais devrait être articulée à une offensive multidimensionnelle face aux pouvoirs des marchés dans la sphère de la circulation et de la production.
Il s’agit, d’un point de vue de gauche, de rechercher comment les exigences exprimées par les peuples devraient se traduire par des objectifs et méthodes alternatifs, par une nouvelle coordination politique à l’échelle de l’UE. Une unité monétaire sans avoir des fiscalités convergentes, des politiques industrielles et de recherche communes, des choix budgétaires compatibles, des services publics travaillant en coopération, des niveaux de salaire et de protection sociale s’harmonisant vers le haut ne peut que conduire à la loi des marchés et au recul social. La gauche pourrait dire oui à une coopération renforcée dès lors qu’il s’agit de construire à partir d’objectifs alternatifs.

3. La Grèce, les « PIIGS », les pays baltes, les pays de l’Est…

La Grèce fait partie dans l’Europe d’aujourd’hui de la partie visible d’un iceberg. C’est un des pays étouffés par l’euro cher et pour lesquels la politique de la BCE est néfaste.
« Un regard sur la carte de l’Europe montre que la crise a des dimensions différentes. En Irlande, en Grande-Bretagne et en Espagne principalement, l’éclatement de la bulle spéculative dans l’immobilier a conduit à des destructions massives de capital […] En Hongrie, Estonie et Lettonie, la crise économique s’est depuis longtemps élargie en une crise politique ou crise d’État […] En Tchéquie, le gouvernement n’a même pas pu accomplir correctement la présidence tournante du Conseil européen […] les pays scandinaves […] le Danemark, la Suède – tout comme la Finlande – ont nettement ressenti la récession […] L’Allemagne[13], d’un côté à cause et de l’autre en dépit de sa supériorité économique et de son rôle dominant, est au centre de la crise […] L’Allemagne pratique avec succès une politique “je ruine mon voisin” à l’égard des autres pays de la zone euro en écrémant leur demande et en exportant son chômage […] La réalité de la crise montre que, à plusieurs égards, l’Europe est un continent qui clive de plus en plus. Le fossé se creuse entre le Nord et le Sud, ce qui tient d’abord à la position concurrentielle dominante du capital allemand vis-à-vis du “capitalisme méditerranéen”. Et qui se nourrit ensuite d’un endettement et de capacités d’emprunt différenciées […] Les pays membres se développent de façon divergente quant à leur compétitivité.[14] » À l’heure actuelle, les inquiétudes s’accumulent quant à l’Italie et à l’Espagne (le rentrées fiscales y sont en chute libre), deux pays où l’économie informelle représente une part importante et non maîtrisée du PIB.
Pourquoi s’attaque-t-on aujourd’hui à la Grèce ? Pour statuer un exemple ! Le taux de la totalité des dettes se situe derrière l’Italie et à proximité de la Belgique. Quant aux nouveaux emprunts, la Grèce se situe derrière l’Irlande et l’Espagne et à un niveau comparable avec la Grande-Bretagne. Au total, ce sont 20 pays qui ont fait l’objet de procédures contre les déficits ; ce qui démontre l’inégalité des pouvoirs au sein de l’UE. L’Irlande – contribuant à la hauteur de 1 % au PIB européen – a reçu 15 % des moyens de la BCE. À travers la Grèce, l’UE a choisi de statuer un exemple et de tester à cette occasion l’ensemble des instruments disponibles pour la surveillance des politiques économiques et budgétaires qui seront pour la première fois mises en œuvre simultanément. Les recommandations de la commission constituent un catalogue des horreurs du néolibéralisme et reprennent sans réserve les recettes qui ont si visiblement échoué et qui ne peuvent qu’aggraver la situation dans les pays où celles-ci seraient appliquées. La manière centralisatrice, rigoureuse et exerçant un maximum de pressions qu’utilise l’exécutif de l’UE serait inenvisageable, par exemple, au sein d’un État fédéral comme l’Allemagne[15].
Le manque de coordination, de mesures en faveur de l’harmonisation et de la réduction des inégalités laisse les économies plus faibles sans moyens de réagir dans le cadre de la monnaie unique. Les pays concernés sont ainsi poussés à régler ou par l’endettement ou par l’austérité les différends. Si on peut reprocher trop de légèreté, trop de dépenses d’armement (en complicité avec les puissances exportatrices d’armes), trop de politique néolibérale aux gouvernements grecs, on doit reprocher aux plus grandes puissances européennes leur égoïsme nuisible pour toute la région. L’aggravation de la crise en Grèce aura également des effets désastreux dans les Balkans où les capitaux des banques grecques sont très présents et où l’on estime le nombre d’entreprises grecques à avoir investi à près de 8000[16].   Suite à la hausse des écarts du coût de l’argent et plus récemment à l’envolée de la spéculation, les investisseurs exigent de la Grèce des taux d’intérêt entre 5 et 7 %, soit 2,5 à 4 % de plus que les taux consentis à l’Allemagne. Les spéculateurs bénéficient de prêts à 1 % – voire moins – auprès de la BCE et exigent 7 % de l’État grec. Actuellement, les taux exigés par les marchés coûtent 0,5 % de PIB à la Grèce en année pleine[17]. Il faut rompre de toute urgence avec des interventions des États qui prennent en charge tous les risques et accentuent la paupérisation des sociétés, alors que les banques utilisent ces filets de sécurité pour développer encore leur prise de risque Quant aux États en difficulté, il convient de les refinancer de toute urgence au moyen de taux se situant nettement en dessous du marché.
L’UE – le Président de l’Euro-groupe Jean-Claude Juncker et les 16 ministres des Finances de la zone euro – a décidé de superviser le « redressement grec » et réclame à travers des « recommandations » un ensemble de mesures structurelles concernant les salaires, le marché du travail, les retraites, la santé, l’éducation, l’administration publique, l’énergie, le transport, le commerce de détail – bref, une sorte de stratégie de Lisbonne accélérée (!) ainsi que, si nécessaire, des mesures additionnelles telles que la hausse de la TVA, des taxes sur l’énergie, des prélèvements sur des produits de luxe et les autos. La France considère que l’effort demandé est d’ores et déjà considérable ; l’Allemagne voudrait encore le durcir. La BCE se situerait comme à son habitude parmi les ultralibéraux en exigeant que le déficit soit réduit en 2010 de 5,25 % du PIB (les États et l’UE demandent 4 %)[18].
Un véritable bras de fer entre les intérêts des peuples et la logique des puissances européennes débute maintenant. C’est au nom de « l’Europe pour les peuples » et d’une « autre Europe pour un autre monde », c’est dans l’intérêt de tous les peuples européens, qu’il faut trouver des solutions alternatives pour l’ensemble des pays les plus en difficultés – dont la Grèce – permettant d’en sortir. Il s’agit aujourd’hui d’établir un bouclier face aux projets qui auraient comme effet de piétiner les droits sociaux, l’emploi, le secteur public, la protection sociale. Sans installer une mise sous tutelle. Sans que ce pays puisse être utilisé comme une brèche pour amplifier l’austérité à travers l’Europe.

4. Quelle réponse politique pour la Grèce, les PIGS et l’Europe ?

Les peuples ou les marchés ? Il faut choisir. Sortir de la crise suppose un changement radical de politique. Il n’y a pas de voie de sortie de la crise sans recherche de transition vers un autre type d’économie et de politique, ce qui suppose un travail acharné en faveur de véritables alternatives et de la mobilisation idéologique et politique. Chaque revendication importante se heurte aujourd’hui à la logique du système capitaliste en crise aiguë. La logique du capitalisme financiarisé de plus en plus excessive et agressive peut conduire à des menaces sérieuses sur la démocratie et la paix.
C’est à partir de la logique du capitalisme financiarisé, de son mode d’accumulation, que se sont succédé la crise financière, la crise de l’économie réelle, la crise de la dette publique, la crise sociale et la crise fiscale en plein développement. S’y rajoutent des crises dues à la spéculation sur l’alimentation, l’énergie, des brevets, etc., ainsi qu’un certain nombre de conflits armés.
Les logiques à l’œuvre – financiarisation, spéculation, privatisation, marchandisation, surexploitation, appauvrissement des sociétés… – constituent des obstacles majeurs pour mettre en place les politiques nécessaires afin de résoudre la crise écologique. « Se pose également la question de fond, à savoir si la poursuite d’une accumulation poussée par la finance ne se heurte pas maintenant à des limites indépassables.[19] »
À l’échelle de l’Europe et au sein de nos pays, il s’agit de lutter en faveur de véritables ruptures politiques ainsi que des mesures d’urgence inspirées, elles aussi, d’une logique alternative.
Les gouvernements – hautement responsables pour l’avènement de la crise – doivent être amenés à rompre avec la logique : « la dette pour les États, la ceinture pour les peuples, le casino pour la finance »[20]. Au lieu de consulter des « experts » liés aux marchés, ils doivent faire fonctionner la démocratie en prenant des mesures et en engageant des réformes en faveur de la démocratie sociale et économique.
4.1. Stopper les incendiaires, s’opposer à l’installation du chaos, de la guerre monétaire ou spéculative.
 La finance doit être démocratisée, réorientée, redimensionnée de façon responsable. C’est aussi une condition pour débloquer le crédit.
 L’UE doit décider certaines formes de contrôle du mouvement des capitaux, des taxations des transactions financières. Les paradis fiscaux doivent être fermés. Le secret bancaire est à revoir. Une agence publique européenne de notation doit être installée. Des protections doivent être mises en place contre la fraude et l’évasion fiscales.
 Les banques doivent être amenées – par un effort convergent des gouvernements et de l’UE – à changer immédiatement d’orientation, à stopper l’utilisation de l’épargne pour des opérations de spéculation, et à réorienter les crédits vers le financement des activités utiles et de la création d’emplois et d’infrastructures. La séparation des banques de dépôts et des banques d’affaires ainsi que la constitution de pôles publics bancaires, voire la reconduction de certains établissements dans le giron public, doivent être organisées.
 Toutes les politiques doivent viser à stopper la crise de suraccumulation, à intervenir de façon massive en faveur d’une répartition plus juste de la valeur ajoutée en faveur du travail et de l’intérêt public, et à s’affranchir des pouvoirs des marchés et à stopper les privatisations. Les politiques des États européens et de l’UE doivent converger dans ce sens.
4.2. Au niveau international, l’UE doit contrer l’agressivité des États-Unis, agir en faveur de la stabilisation de l’économie réelle ; de l’utilisation des droits de tirage spéciaux (DTS) comme monnaie de réserve ; du remplacement du G20 par un Conseil économique global sous l’égide de l’ONU ; du développement de mécanismes en faveur de l’égalité dans les échanges ; de la soustraction de biens communs hors des circuits de la spéculation ; d’accords multilatéraux et bilatéraux à l’opposé de la mise en concurrence des peuples, des salariés et des territoires ; de politiques ambitieuses et partagées pour résoudre la crise écologique. L’UE doit contribuer à libérer les matières premières de leur transformation en « produits financiers »[21]. Dans les institutions internationales, la voix de l’UE a du poids ; elle doit se faire entendre en faveur d’un monde solidaire, ce qui suppose un changement radical d’orientation.
4.3. Il faut rompre avec les dogmes de l’Europe libérale que continuent de défendre bec et ongles Juncker, Trichet et Gonzales.
 Le pacte de stabilité conçu pour rationner les dépenses sociales doit être abandonné. Les peuples européens ont besoin d’un pacte de coopération en faveur d’un développement social, écologique et de solidarité. C’est sur une telle base que la coopération des gouvernements – une « gouvernance démocratique » – doit s’engager. C’est le développement durable qui constituerait le meilleur moteur de l’intégration européenne. Un programme de conversion écologique doit être mis en place notamment dans les domaines de l’énergie, des transports et du logement. Le budget européen doit être augmenté de façon significative et permettre des actions positives de l’UE. Dumping fiscal, social et écologique doivent être bannis.
 Le modèle social européen doit être renouvelé, réinventé. Une rupture radicale avec la stratégie de Lisbonne est urgente. La flexicurité doit être abandonnée, la précarisation combattue, le travail revalorisé et un revenu de base garanti. La réduction du temps de travail est à relancer. La période d’indemnisation du chômage doit être rallongée en période de crise dans tous les pays. La pauvreté – notamment chez les jeunes, les retraités, les femmes et les familles monoparentales – doit être éradiquée ; le logement doit être un droit garanti.
 La privatisation de pans entiers des retraites – impulsée par la stratégie de Lisbonne et particulièrement avancée dans les pays de l’Est – conduit à des menaces lourdes en raison des pertes dans le cadre de la crise financière. Selon les chiffres de l’OCDE, la crise économique et financière a réduit la valeur des actifs accumulés pour le financement des retraites d’environ 20 à 25 % en moyenne. En Europe, ce sont la Belgique, les Pays-Bas suivis par le Royaume-Uni qui sont les plus touchés. Par ailleurs, l’accroissement du chômage et l’incapacité de nombre d’entreprises à financer leurs fonds de pension assèchent les ressources. Stopper la privatisation des retraites comme un des moteurs de la financiarisation de l’économie est un des enjeux majeurs[22].
4.4. Se « serrer la ceinture » n’est pas la réponse. C’est autrement qu’il faudra réduire la dette publique. Toute mesure d’étranglement de l’économie réelle est irresponsable.
 Refuser un resserrement rapide budgétaire qui entraînerait un risque massif de faire basculer dans la récession.
 Des moratoires doivent être décidés pour stopper la progression de l’endettement public, pour réduire la pression sur les États, pour gagner du temps – nécessaire pour établir des instruments en faveur de la transparence (commission d’enquête, etc.), pour mettre en place de nouvelles politiques et des méthodes démocratiques. Il s’agit de moratoires qui n’augmentent pas le remboursement de la dette et ne conduisent pas les États à s’en remettre aux banques via des produits sophistiqués. Un traitement sélectif des dettes doit être également envisagé.
 Des moyens nouveaux (new deal) doivent être mobilisés – en contournant les marchés – afin de faire face aux besoins de dépenses publiques, pour contrer la crise et en sortir.
 Les marchés doivent être court-circuités via la BCE. Les intérêts de la dette publique doivent être radicalement abaissés. Il est inacceptable que les banques qui prêtent à la Grèce à un taux de 5 %, 7 %, empruntent elles-mêmes à la BCE à 1 %. La BCE doit être dotée de la possibilité d’acheter des titres de dette publique dès lors que ces prêts sont utiles à un nouveau type de développement, à l’emploi et à la politique industrielle et de recherche, à la relance des services publics et de la protection sociale. Ce type de création monétaire en faveur de la création de richesses et du développement de la société permettrait d’augmenter les ressources de la puissance publique.
 La mission et la direction de la BCE ainsi que l’orientation du crédit doivent être modifiées en faveur d’objectifs de développement, en abandonnant le carcan de la politique monétariste, en modulant les conditions d’accès en fonction des contenus des projets, en rendant impossible la contribution du crédit à la spéculation et les emprunts à découvert. L’architecture de l’UE donnant l’indépendance à la BCE montre ici aussi sa nocivité. La BCE doit être démocratiquement contrôlée.
4.5. La redistribution et la démocratie économique comme principes des réformes antilibérales.
 Face aux causes et aux conséquences de la crise, des politiques énergiques de redistribution des richesses doivent se mettre en place, en visant une harmonisation progressive au sein de l’UE. Les recettes de la puissance publique doivent être augmentées via une « fiscalité confiscatoire » visant durablement les actionnaires, banques et investisseurs. Un meilleur partage de la valeur ajoutée est indispensable pour combattre le développement de la crise. Les revenus du travail doivent être revalorisés pour l’ensemble des salariés (y compris précaires…) par rapport à ceux du capital. Une partie plus importante des profits doit être investie en faveur du développement humain et écologique. L’économie solidaire doit être favorisée ainsi que les droits et pouvoirs des salariés.
 Suspension de la directive et de sa transposition dans les pays de l’UE « sur les droits des actionnaires » et mesures pour contrer la volatilité des investissements, pour pérenniser la relation entre investissements et entreprise, pour détacher le management de la logique actionnariale, pour renforcer « l’intérêt social de l’entreprise » et l’exigence du développement de l’économie réelle face aux intérêts des actionnaires, investisseurs et marchés.
 L’usage de l’argent public doit être démocratiquement contrôlé. La mobilisation de fonds publics notamment en faveur de grands groupes doit être basée sur des principes démocratiques (leur utilisation doit générer des pouvoirs nouveaux pour les pouvoirs publics et salariés), sociaux (des critères de création ou de défense d’emplois de qualité correctement rémunérés…), écologiques (en faveur d’un nouveau type de développement). Les moyens d’action des collectivités territoriales ne doivent pas être restreints mais améliorés.
 Chaque engagement d’argent public doit aider à développer la démocratie économique et ouvrir sur un changement de pouvoir, de propriété, d’orientation s’accompagnant de nouveaux pouvoirs pour les salariés et les citoyens.
 Concernant le système bancaire, l’installation de pôles bancaires publics soumis au contrôle de l’État et de la société est plus que jamais indispensable pour que le crédit agisse en faveur de l’intérêt général.

5. Quelles perspectives de changements politiques, quelles alliances ?

Ce qui doit être à l’ordre du jour pour la gauche, c’est la mobilisation des peuples contre les actionnaires, banques, marchés et en faveur d’alternatives démocratiques, de véritables ruptures avec les logiques du capitalisme financiarisé. La bataille idéologique, le pouvoir interprétation constituent des enjeux décisifs, ainsi que la capacité d’articuler des objectifs immédiats et la mise en perspective d’une transition vers un nouveau mode de développement économique, social, écologique, démocratique, vers un nouveau type d’économie solidaire et de choix politiques alternatifs.
Ces derniers jours montrent une combativité populaire considérable dans nombre de pays européens. Il faudrait réussir à modifier profondément et durablement les rapports de force, obtenir que d’importantes forces politiques et des gouvernements soient amenés à traduire en choix politiques concrets les exigences de ceux qui résistent et luttent.
Les défis pour les forces de gauche consistent à travailler à des contre-hégémonies, à aider notamment les milieux populaires, les catégories les plus touchées et menacées par la crise et par les plans d’austérité, à gagner un pouvoir d’interprétation des réalités qui leur permette de s’approprier les enjeux actuels, d’intervenir comme acteurs, de gagner en capacité d’action solidaire, de réaliser que des changements très profonds touchant aux pouvoirs et à la propriété ne peuvent plus être différés. Contrer la crise de passivité, favoriser une prise de conscience suppose de mener une bataille idéologique de tous les instants, et de savoir articuler le sens des résistances et des luttes avec la nécessité de changer de pouvoirs et de politique, dans chaque État, au niveau de l’UE et des institutions internationales. La question de la représentation politique dont les forces de résistance et de luttes ont besoin doit être posée publiquement et en grand ainsi que la nature des relations entre les mouvements dans leur diversité et les forces et pouvoirs politiques. Les luttes de classe continuent de se développer dans le cadre national mais, dans la confrontation de classe qui s’accentue également à l’échelle européenne, la coopération entre les mouvements, syndicats, forces de gauche doit être considérablement intensifiée.
Les politiques concrètes que proposent les forces de gauche doivent viser la constitution d’un bloc social, sur la base d’intérêts immédiats communs, par exemple :
 Ceux qui n’ont que leurs salaire, retraite ou maigres allocations pour vivre
 Ceux qui travaillent dans le privé
 Ceux qui travaillent dans le public ou sont en charge des institutions publiques et des collectivités territoriales
 Ceux qu’on qualifie de « couches moyennes » et dont la crainte du déclassement ne cesse de croître
 Ceux dont les activités en tant que dirigeants de PME, de commerçants ou de professions libérales dépendent pour un large part de l’accès au crédit
 Ceux qui travaillent la terre et se voient étranglés par les groupes et les banques
 Ceux qui considèrent nécessaires la défense et le développement de la démocratie et de la culture.
La constitution de « fronts » – certes de façon variable selon les conditions sociales et politiques de chaque pays – semble une piste féconde, dans la mesure où de telles constructions ouvertes facilitent la coopération entre des acteurs de différente nature (organisations politiques, mouvements, représentants syndicaux, composantes de la société civile, intellectuels, réseaux…) et par conséquent une dynamique sociale et politique. « La crise systémique nous oblige à penser les questions sociales et politiques de manière décloisonnée, de manière transversale et globale »[23].
Nous ne devons pas perdre de vue que la crise en Europe n’est pas l’heure de la gauche, mais celle de l’abstention, de la sanction de la gauche, voire de la droite et parfois de son extrême. Dans un contexte où les citoyens « ont du mal à comprendre pourquoi ils devraient sauver les États qui agissent et travaillent pour les marchés tout en démontant le modèle social, la bourgeoisie intelligente joue une sorte de musique bonapartiste : tout le monde passe à la caisse, impôt de crise, mais aussi taxe sur les dividendes.[24] » Parfois, ce sont des tendances de droite populiste voire extrême qui amplifient leur influence. Des tendances nationalistes peuvent également trouver un terrain favorable, d’autant plus que les clivages s’accentuent en Europe entre Est et Ouest, Nord et Sud. « La crise financière, tout comme la manière de la résoudre vont certainement alimenter l’instabilité géopolitique t accroître les tensions entre libre-échangistes et protectionnistes. La logique du sauve-qui-peut va prendre de l’ampleur »[25].
Certains milieux chrétiens-démocrates, mais aussi les écologistes et sociaux-démocrates, penchent vers des réponses du type : le coût de la crise est à répartir entre tous. Dégager un horizon dans la clarté suppose une confrontation idéologique avec les différentes composantes du champ de gauche. Il faut développer une argumentation puissante qui permette d’appuyer le refus que les classes subalternes paient les frais, ou acceptent des sacrifices comme allonger le temps de travail. S’il s’agit de sauver les États, il convient d’impulser des mouvements en faveur d’une « fiscalité confiscatoire »[26] (voir 4.5) en s’appuyant sur la prise de conscience quant à l’accumulation inédite de richesses à un pôle de la société.
À défaut de pouvoir présenter une approche de gauche crédible, le risque est grand que l’espoir et le discours de changement deviennent récupérables par des forces de droite, populistes, parfois extrêmes. L’impuissance des dominés risque de s’étendre, même si des luttes parfois significatives peuvent laisser croire le contraire. La bataille de l’interprétation des causes et des conséquences de la crise constitue pour la gauche un défi considérable, d’autant que tout indique que de nouvelles bourrasques vont secouer l’Europe.
Les expériences lors des référendums en France, aux Pays-Bas et en Irlande ont montré que lorsque certaines conditions sont réunies, les citoyens sont en mesure de s’approprier des enjeux d’une grande complexité. Dans la crise actuelle, les forces de gauche ont à rechercher les moyens les plus efficaces afin que les citoyens puissent se réapproprier la politique, et repérer les choix de société qui sont en jeu dans les confrontations actuelles.
Notes
(*) Directrice d`Espaces Marx, France et Membre du Managing board de Transform !Europe. elgauthi@internatif.org
[1] Ce texte a bénéficié d’un séminaire de Transform ! sur la crise, à Vienne en janvier 2010, ainsi que d`une discussion au sein du Managing Board de Transform ! Europe et en particulier des remarques de Walter Baier, Stephen Bouquin, Patrice Cohen-Seat, Haris Golemis, Véronique Sandoval qui se reconnaîtront et que je remercie. Il a été présenté lors d’une rencontre organisée par Synaspismos et la Parti de la Gauche européenne à Athènes le 27 février 2010. Concernant les alternatives, voir aussi European Left Party, Plate-forme pour les élections au Parlement européen 2009 ; Euro-Mémorandum 2009/2010, http://www.memo-europe.uni-bremen.de/euromemo et les éditions en anglais, français, grec et allemand réalisées avec le concours de Transform ! Europe http://www.transform-network.org/ ; Jürgen Klute, « Was tun in der Krise ? », Supplément 1/2010 Zeitschrift Sozialismus ; Dominique Crozat, « La démocratie économique, une alternative à la crise. » Compte rendu d’un colloque à Paris en juin 2009. Transform ! N° 05.
[2] Joachim Bischoff, « Eine neue Phase de grossen Krise ». Dans Sozialismus 3/2010.
[3] Selon le FMI, Le Monde 17/2/2010.
[4] Sylvain Boyer, économiste chez Natixis ; Le Monde 17/2/2010.
[5] Le Monde 17/2/2010.
[6] Jean-Claude Trichet, Président de la BCE : « Nous n’allons pas changer les règles […] pour aider un pays en particulier […] C’est clair comme du cristal ». Jean-Claude Juncker, Président de l’Eurogroupe : Ce pays « ne peut compter sur une quelconque espèce de générosité de la part des membres de l’Eurogroupe ». Felipe Gonzales, Président du groupe des sages pour réfléchir à l’avenir de l’Europe : Ceux qui ne sont pas satisfaits des traités européens « n’ont qu’à quitter l’Union. » Cité par Francis Wurtz, Humanité Dimanche 18/2/2010.
[7] Pierre Todorov (Avocat à la cour, cabinet Lovells LLP), Il est temps de rompre avec les excès de l’idéologie actionnariale. Le Monde 11/2/2010.
[8] Roland Kulke, « Schweine, Alkoholiker und die Konstruktionsfehler der Eurozone. » http://blog.rosalux-europa.info/de
[9] Jens Münchrath, Handelsblatt 22/2/201, cité par Roland Kulke.
[10] Cité par Roland Kulke.
[11] Roland Kulke.
[12] Regroupement des trois comités techniques – chargés de contrôler les groupes bancaires, les compagnies d’assurances et les marchés dont les activités dépassent le cadre national – et renforcement de leurs pouvoirs ; création d’un Comité Européen du risque systémique (CERS) responsable de l’analyse macroéconomique ; proposition d’un comité scientifique d’excellence pluridisciplinaire ; meilleure coopération entre les instances de supervision nationale ; création d’une commission spéciale au Parlement européen chargée de réfléchir aux conséquences de la crise ; proposition d’une directive encadrant la gestion des fonds alternatifs ; réglementation des produits dérivés ; installation d’exigences de fonds propres des banques… (Voir Sylvie Goulard MEP / Libéraux ALDE, Modem, France, dans Le Monde 23/2/2010).
[13] L’économie allemande a régressé de 5 % en 2009.
[14] Joachim Bischoff, Richard Detje, « L’Europe dans la crise – sur le chemin des clivages. », Transform ! 05/2009.
[15] Voir une description précise des enjeux et procédés par Andreas Fishan, « Stabilitätskriterien und die öffentliche Hinrichtung Griechenlands ». Dans Sozialismus 3/2010.
[16] Haris Golemis, Elena Papdopoulou, « Les banques grecques dans les Balkans. » Dans Transform ! 05/2009.
[17] Laurence Boone, chef économiste chez Barkley’s capital ; Libération 17/2/2010.
[18] Selon Le Monde 17/2/2010.
[19] Joachim Bischoff, « Eine neue Phase der grossen Krise. » Dans Sozialismus 3/2010.
[20] Jacques Rigaudiat, À Gauche, 18/12/09.
[21] Elie Cohen : 95 % des matières premières sont transformés en « produits financiers » ; en 6 ans – de 2003 à mi-2008 –, les masses investies dans la spéculation dans ces domaines sont passées de 13 à 320 milliards de dollars.
[22] Richard Detje, « Les effets de la crise financière sur les fonds de retraite européens. » Une étude, publiée dans Transform ! 05/2009.
[23] Stephen Bouquin, « L’âge des extrêmes ne fait que commencer. », Transform ! 05/2009.
[24] Stephen Bouquin, commentaire écrit.
[25] Stephen Bouquin, « L’âge des extrêmes ne fait que commencer. », Transform ! 05/2009.
[26] Joachim Bischoff, Rencontre des économistes de l’Euro-Mémorandum, Berlin 20/2/2010.

O descalabro europeu e a dividadura dos bancos



El ajedrez global de la crisis



Una nueva fase recesiva de la crisis iniciada en el 2007 se vislumbra en las economías desarrolladas. El rebote logrado con desembolsos estatales se está agotando y la próxima recaída incluirá un alto piso de desempleo. Sólo para retomar el nivel de ocupación vigente al comienzo del temblor se necesitarían crear en el mundo 17 millones de puestos de trabajo y las tesorerías están exhaustas por el socorro brindado a los bancos.
En el debut de la convulsión hubo dos interpretaciones económicas predominantes. Los neoliberales subrayaron la culpabilidad de los deudores, que tomaron préstamos sin capacidad de repago y la irresponsabilidad de los Estados, que asumieron pasivos inmanejables. Los keynesianos remarcaron, en cambio, la falta de regulación financiera y los excesos de especulación. También subrayaron el deterioro de la demanda solvente por el estancamiento de los salarios y la polarización social. Ambas corrientes enfatizaron distintos desaciertos de la política económica que condujo al colapso actual.
Pero esta atención inicial en el origen de la crisis se ha desplazado posteriormente hacia otro problema: el impacto regional diferenciado de la convulsión y los consiguientes cambios en el tablero geopolítico. Esta mirada realza el viraje hacia la multipolaridad, la pérdida de hegemonía estadounidense, al ascenso de China y la gravitación de las economías emergentes.
¿Cómo se desenvuelve la crisis económica en cada región? ¿Cuáles son las estrategias en juego de las clases dominantes? ¿Qué tipo escenarios están despuntando a nivel global?
FRACTURA DE LA ECONOMIA ESTADOUNIDENSE
El desplome inmobiliario desató la crisis en Estados Unidos, cuando los deudores insolventes (subprime) no pudieron afrontar el pago de sus cuotas. Los bancos afrontaron un gran bache de cobranza frente a 11 millones de viviendas valuadas por debajo de sus hipotecas y un quinto de los propietarios asfixiados por créditos impagables.
Posteriormente salió a flote el mismo endeudamiento en otros terrenos. Las familias soportan pasivos equivalentes al 112% de sus ingresos y obligaciones financieras 37% superiores a la década pasada. Toda la cadena de financiación está afectada por una morosidad que induce a los bancos a retacear los préstamos y a crear un círculo vicioso de recesión y mayor fragilidad financiera.
Los economistas ortodoxos acusan a los deudores y sus adversarios a los bancos. Pero ambos olvidan que la bola de nieve de consumos financiados sin respaldo se arrastra desde hace varias décadas, como consecuencia de la reorganización capitalista que impuso la mundialización neoliberal. Esta transformación introdujo un deterioro en las condiciones laborales (precarización, estancamiento de los salarios, segmentación de las calificaciones), que retrajo los ingresos populares e impulsó a mantener el consumo con el auxilio crediticio.
Con grandes préstamos a las familias se sostuvo la demanda frente a un desempleo que ya bordea los dos dígitos, una pobreza que afecta al 15% de la población, sueldos retraídos al nivel vigente hace 15 años y una concentración escandalosa de la riqueza [2] .
La reestructuración neoliberal también incluyó una significativa deslocalización de las firmas, que lucran en el exterior con menores costos salariales acentuando la pérdida de puestos de trabajo. Las empresas estadounidenses crean fuera del país, los empleos que destruyen internamente y por esta razón, la recesión local coexiste con el aumento de las utilidades foráneas que obtienen las principales 500 firmas [3]
En las últimas décadas el enorme consumo norteamericano persistió sobre endebles cimientos de endeudamiento, en un contexto de regresión industrial interna, aumento de la explotación, déficit comercial y emigración de firmas. Este crítico escenario fue un resultado de la presión competitiva que impuso el neoliberalismo.
Los desequilibrios generados por esta remodelación salieron a flote con el estallido de la deuda hipotecaria. Pero la magnitud de los desajustes se tornó visible a partir de la bancarrota de Lehman Brothers (2008) y la erosión de todo el sistema financiero (2009).
El socorro posterior ha creado finalmente la actual pesadilla de insolvencia fiscal y bancaria, que hace temblar a los mercados. Las entidades permanecen en terapia intensiva y la deuda estatal se elevó del 62 % (2007) al 100% del PBI (2011) [4]
El gobierno gestiona el agujero fiscal sin ninguna coherencia. Un día acepta la presión de los republicanos para recortar el gasto y a la jornada siguiente lanza un programa de inversión con grandes recortes fiscales. Obama está paralizado entre la presión de la derecha que copó el Congreso y un electorado que sigue esperando el cumplimiento de sus promesas.
REACCION EXTERNA NORTEAMERICANA
Estados Unidos ha intentado ordenar la gestión global de la crisis, mediante la organización del G 20 y la intervención conjunta de los Bancos Centrales. Pero desenvuelve, además, varias estrategias utilizando sus principales instrumentos económicos.
El primer recurso es el dólar que concentra el 85% de las transacciones en divisas, el 65% del comercio global y un porcentaje semejante de las reservas mundiales. Este signo nomina la mitad de la deuda internacional y el grueso de las operaciones con petróleo o materias primas.
El dólar ha perdido el reinado indiscutible que tenía en la posguerra, pero mantiene su primacía ante la ausencia de reemplazo. El euro no logró la influencia requerida para actuar como moneda global, el yen ha perdido influencia y el yuan no se ha internacionalizado como signo convertible.
Esta carencia de sustituto le permite al dólar mantener una intervención predominante, que podría anticipar la futura convivencia de tres monedas (dólar, euro, yuan), el retorno a los tipos de cambio fijo o la negociación de una nueva canasta de varios signos [5] .
En cualquiera de estas alternativas el dólar podría mantener la incidencia que ha conservado desde su in-convertibilidad, en sucesivas etapas de revalorización y desvalorización de su cotización. El margen para administrar tipos de cambios altos (que atraigan capitales) y bajos (que fomenten las exportaciones) se ha estrechado, pero no ha desaparecido.
La influencia norteamericana es también significativa en la reforma del sistema financiero mundial (Basilea III). Este cambio se tramita para incrementar el patrimonio de los bancos, mediante negociaciones sobre el monto que deberían aportar las entidades. También se discute como regular los nuevos mecanismos de especulación (derivados, CDS, Hedge Funds) y las operaciones financieras que las empresas desenvuelven en forma directa.
La internacionalización de las finanzas y la interconexión de las Bolsas tornan imperioso este ajuste normativo, que se procesa a través de una reorganización previa de las entidades norteamericanas. Un reconocido jefe del clan bancario (Paul Volcker) está comandando esa remodelación.
Wall Street actúa en este terreno en estrecha sociedad con la City Londinense. Ambas comparten el manejo de las cúspides financieras y pretenden restringir todas las regulaciones al mínimo compatible con sus negocios.
Los próceres del neoliberalismo (Greenspan y Bernanke) se encuentran a la defensiva para comandar esta reorganización. Ya no ponderan en público la eficiencia suprema de los mercados para auto-contener las burbujas. Pero sus oponentes keynesianos (como William Dudley), tampoco logran apoyo para implementar un mayor control previo de las oleadas especulativas. En ambas variantes la dirección de los cambios se define en Estados Unidos [6] .
La influencia norteamericana es también decisiva dentro del FMI. A pesar de las crecientes atribuciones obtenidas por los nuevos participantes del Fondo, Washington marca la pauta del organismo. En los últimos cónclaves del G 20 logró duplicar los fondos de la entidad, otorgarle mayores facultades como auditora y asignarle crecientes potestades de intervención nacional.
El FMI define actualmente en Europa las sanciones contra cualquier obstrucción del apriete. Suspendió créditos a Ucrania cuando se dispusieron aumentos del salario mínimo, impuso la reducción de los sueldos en Letonia, exigió privatizaciones en Grecia y objetó el referéndum de Islandia contra los acreedores. Ya no actúa sólo en las economías menores, sino que supervisa el rescate de Italia [7] .
Partiendo de estas acciones el establishment norteamericano evalúa estrategias de salida de la crisis, tanteando las opciones inflacionistas. Desde el 2008 la Reserva Federal (FED) inyectó 2 billones de dólares, mediante políticas ultra-expansivas (conocidas como “relajamiento cuantitativo”). Instrumentó emisiones monetarias que inundan de dólares el planeta y facilitan la exportación de los desequilibrios estadounidenses. Esta política apunta a licuar la deuda pública con inflación, repitiendo un mecanismo ya utilizado por Estados Unidos para achicar sus pasivos estatales, empapelando al resto del mundo.
Pero esta reiteración presenta mayores dificultades, no sólo por la resistencia que oponen los economistas ortodoxos. La reducción inflacionaria de la deuda se consumó en el pasado en contextos de alto crecimiento, que permitían achicar la proporción total de esa carga en comparación al PBI. Nadie avizora esos escenarios de prosperidad en los próximos años [8] .
EL DESCALABRO EUROPEO
Muchos analistas europeos caracterizaron inicialmente la crisis del Viejo Continente como un simple eco del temblor norteamericano. Pero esa visión quedó desmentida por la impresionante dimensión del tsunami europeo [9] .
La magnitud de ese desplome se explica por los desequilibrios específicos que generó la formación de la Unión Europea (27 países) y la Eurozona (17 naciones). Ambas iniciativas buscaron amoldar la región a las reglas neoliberales de la competitividad global, sustituyendo la antigua diversidad de economías por un bloque liderado por la locomotora alemana y la diplomacia francesa.
El comando económico germano se consolidó con la anexión del territorio oriental (ex RDA). Las clases dominantes utilizaron el poderío tecnológico y la alta productividad de la industria, para reforzar la disciplina salarial y transformar al país en la gran potencia exportadora de la zona euro.
Pero la crisis actual ha demostrado el carácter inacabado de ese bloque. La moneda común fue introducida para asegurar la colocación de los excedentes germanos, mientras se posponía la organización del presupuesto y la fiscalidad compartida. Esa carencia ha sido letal. La ausencia de instituciones estatales comunes para respaldar el signo monetario socavó la cohesión del proyecto y potenció la heterogeneidad de la comunidad. En lugar de consolidar la estructura en gestación acrecentó la distancia que separa a las economías pujantes de los países rezagados.
Inicialmente se esperaba acortar esas brechas mediante el desarrollo de un mercado compartido y la instrumentación de transferencias hacia las zonas relegadas. Pero terminó prevaleciendo un proceso inverso, de sistemática pérdida de posiciones de los países con mayores tasas inflación y menores índices de productividad. Esta fractura condujo a desequilibrios comerciales que fueron compensados con endeudamiento. Al final, sobrevino el pase de facturas de las economías excedentarias (Alemania, Holanda, Austria) a los países deficitarios (Grecia, Portugal, Irlanda) [10]
El endeudamiento público y el quebranto de los bancos acentuaron esta brecha entre el centro y la periferia de la Eurozona. Primero colapsaron las pequeñas economías agobiadas por el desbalance comercial (Grecia), la inversión extranjera sesgada (Irlanda) y la financiación foránea especulativa (Islandia, Chipre). Luego el desplome fiscal se expandió a Italia (tercer país la zona) y ahora amenaza a España (que afronta una enorme morosidad hipotecaria).
Todos los bancos tienen repletas sus carteras de títulos públicos insolventes. Las frágiles entidades de Grecia, Irlanda o Islandia ya colapsaron y hay pavor por la situación de grandes instituciones de Francia, Alemania, Austria o Italia. Las transacciones inter-bancarias se han encogido, crece el temor por la toxicidad de los balances y hay salidas de fondos hacia lugares más seguros [11] .
LA ESTRATEGIA GERMANA
Alemania no puede intentar las respuestas globales que tantea Estados Unidos. Carece de los recursos imperiales que conserva la primera potencia y ha optado por una estrategia deflacionaria defensiva, que ese ubica en las antípodas de la opción inflacionaria norteamericana. Mientras que la FED ha impulsado reducciones sistemáticas de las tasas de interés, el Banco Central Europeo (BCE) ha encarecido el costo del dinero.
Frecuentemente se explica esta diferencia por un cruce de tradiciones. La memoria de Weimar es contrastada con el recuerdo del New Deal. Este contrapunto entre temores europeos a la hiperinflación y recuerdos norteamericanos de la Gran Depresión ilustra la brecha de influencia que existe entre ambos países, en la gestión internacional de la crisis [12] .
Alemania actúa a nivel europeo con una política de atropello para descargar sobre los trabajadores el costo de la crisis. Esta embestida no implica un ajuste más. Supone demoler el estado de bienestar construido desde la posguerra y barrer con conquistas sociales nunca alcanzadas por los asalariados de otros continentes. Las tasas de desempleo europeo ya promedian el 20 % y bajo el impacto de la precarización laboral, la pobreza se ha extendido a un cuarto de la población [13] .
El otro cimiento de la política germana es el apriete fiscal para sostener el euro. En los últimos meses la continuidad de este signo quedó en la cornisa y se ha especulado con su reorganización, fractura o desaparición. Pero esa moneda ha sido la llave de un dominio exportador alemán basado en la unificación de los mercados y la eliminación de las barreras proteccionistas.
Para preservar el euro se impuso la suscripción del reciente pacto fiscal. Se fija un plazo para restaurar reglas de déficit y deuda pública, con sanciones automáticas para los países que violen esos límites. Tendrán que incorporar ese principio presupuestario como una norma constitucional y someterse al control de cortes supra-nacionales. Estos poderes supervisarán el gasto, imponiendo recortes en cualquier momento del año y colocando a los pueblos entre la espada y la pared. Quienes incumplan el cronograma serán automáticamente excluidos de la Eurozona.
Este endurecimiento es congruente con la estrategia alemana de reforzar su patrón exportador sin emitir dinero. Busca afianzar el rol de la periferia europea como proveedora de insumos a costos decrecientes. La poda de los salarios griegos, la pulverización de la seguridad social irlandesa y el generalizado aumento de la edad de jubilación anticipan las consecuencias de esta reorganización [14] .
Alemania impone esta estrategia deflacionaria, vetando todas las iniciativas financieras que amenazan su competitividad. Bloqueó la creación de los Eurobonos y la mutualización de las deudas. Obstruyó la ampliación del fondo de rescate bancario (FEEF- MEE), impidió la compra de bonos en los mercados secundarios y reforzó las prohibiciones de financiamiento directo del BCE a los estados.
Este rigor no implica abandonar a los bancos en quiebra. Alemania aprueba el auxilio, pero buscando preservar su potencial industrial. No renuncia a la financiación futura de la Eurozona con los mecanismos federales que rigen en Estados Unidos, pero quiere garantizar su control fiscal previo. Aceleró esta supervisión ante la vulnerabilidad de los bancos y la imposibilidad de de repetir la paulatina absorción de acreencias, que implementó por ejemplo Estados Unidos hace dos décadas, frente a las acreencias latinoamericanas [15] .
Pero el nuevo cuadro fiscal abre otra gama de conflictos en las cúpulas de la Unión Europea (UE). Gran Bretaña rechazó el pacto franco-alemán y decidió mantenerse al margen para proteger la autonomía de la City. Objetó someter sus bancos a la supervisión de Bruselas y no consiguió el poder de veto para resguardar sus negocios. A los capitalistas ingleses les interesa participar en el mercado continental, pero preservando la internacionalización de sus finanzas.
La alianza Merkel-Sarkozy emergió como ganadora del reciente round, pero sólo el tiempo permitirá evaluar la consistencia de esa victoria. La crisis devora los liderazgos políticos y cada elección consagra algún castigo al gobernante de turno. Esta sanción afecta por igual a los socialdemócratas (Irlanda, Portugal, España) y a los conservadores (Francia, Italia, Alemania) [16] .
INTERROGANTES SOBRE CHINA
El continuado crecimiento de China a tasas del 9-10% anual constituye una importante novedad de la crisis en curso. En la última década las exportaciones del gigante oriental se multiplicaron a un ritmo desenfrenado. China captura recursos naturales en África, afianza los intercambios comerciales con América Latina y ya destronó a Japón como segunda economía del mundo.
Este avance confirma la profundidad de los cambios registrados durante la etapa neoliberal. China se integró a la mundialización utilizando la baratura de su fuerza de trabajo, sin repetir la vieja trayectoria de debut proteccionista, gestación de una burguesía nacional y despliegue de rivalidades internacionales. Se insertó directamente en la acumulación global del capitalismo.
Al comienzo de la crisis muchos economistas suponían que el crecimiento chino contrarrestaría la retracción de las economías avanzadas. En los hechos se registró tan sólo un contrapeso parcial. El gigante asiático ha sostenido financieramente a Estados Unidos y a Europa en los picos de la crisis, para asegurar la continuidad de sus ventas externas, preservando la demanda interna y motorizando la adquisición internacional de materias primas. Con estas acciones frenó la depresión general y acotó el alcance geográfico de la recesión, aunque sin reemplazar a las locomotoras del mundo desarrollado. ¿Mantendrá este rol?
Quiénes apuestan a esa continuidad esperan un fuerte auxilio del yuan al Viejo Continente, mediante enormes adquisiciones de títulos públicos nominados en euros. Pero China ya compró grandes sumas de la deuda italiana, española o portuguesa y tiene un cuarto de sus reservas en esa moneda. El incremento de esas adquisiciones suscita divergencias en la dirigencia oriental.
El sector más asociado con negocios globales (“elite de la costa”) acepta participar en el nuevo rescate, a cambio de fuertes contrapartidas. Busca aminorar las sanciones por dumping, obtener el status de “economía de mercado” e ingresar en la inversión de la infraestructura europea.
Esta fracción también intenta posicionar a China en el futuro diseño de una moneda mundial. Por eso reclama que una porción de cualquier auxilio quede nominado en yuanes. Pero esa inserción monetaria también valorizaría el tipo de cambio y deterioraría el modelo exportador. China ha resistido numerosas presiones para revaluar el yuan y no aceptó las exigencias, que en la década pasada Estados Unidos le impuso a Japón. Sin embargo, la propia internacionalización del yuan podría generar ese debilitamiento de la autonomía que mantiene la principal economía asiática [17] .
Los fondos de inversión chinos han participado activamente en el sostén del dólar y los bonos del tesoro. Compraron acciones de General Motors y porciones del banco Morgan Stanley. Pero otra escala de estas adquisiciones (especialmente en Europa) introduciría al país en una riesgosa política imperial. Para defender lo obtenido en el extranjero se necesita una presencia geopolítica que la dirigencia china rehúye.
Por esta razón muchos sectores de la conducción (“elite del interior”). Cuestionan el desmedido aumento de las inversiones foráneas y destacan la necesidad de incrementar primero la bajísima proporción del consumo interno en el producto total. La oleada de internautas que objetó el reciente financiamiento del Viejo Continente refleja esta preocupación. Conviene recordar que el ingreso per capita de los chinos es aún 10 veces inferior al promedio de los europeos.
El dilema de sostener el modelo exportador o procesar un giro hacia el consumo interno persiste sin resolución. Existe una fuerte presión para apuntalar el segundo curso, pero sin resultados significativos. Este giro no se consuma, ante la magnitud de los desequilibrios que podría desatar.
Para aumentar sustancialmente el poder adquisitivo interno habría que subir el salario e introducir prestaciones sociales generalizadas. Estas medidas chocarían con el costo laboral reducido que permitió el ascenso capitalista del país. Un anticipo de este problema se observa en las corrientes de inversión, que fluyen hacia las economías asiáticas con sueldos inferiores a China.
El curso económico a seguir está sujeto a múltiples tensiones. La burbuja inmobiliaria es el desequilibrio más inmediato. En las 30 principales ciudades los precios de las viviendas subieron 50% en los últimos dos años, repitiendo el ciclo de endeudamiento dudoso que afectó a Estados Unidos y España. Como el 25% de la economía está vinculada a la construcción, una brusca reversión de esa valorización podría afectar al PBI.
También existen graves problemas financieros. Aunque el estado mantiene el control del crédito se ha gestado un enorme mercado de préstanos clandestinos, que solventa el consumo de la clase media y la oscura administración de los gobiernos locales. Estos desajustes explican la inflación, que durante la década pasada osciló en torno al 2% anual y actualmente ha trepado al 6,2%.
La inestabilidad de los negocios también obedece a la magnitud de los beneficios acumulados por los segmentos privilegiados. Los ingresos del 10% más rico de la población son 23 veces más elevados que el 10% más pobre y la crema de los ejecutivos percibe salarios 128 veces superiores al promedio general [18] .
Esta fractura social coexiste con problemas estructurales de sobre-inversión, que ya alcanzó una tasa anual del 45% del PBI. Este ritmo de actividad exige abrir nuevos mercados en un escenario internacional recesivo, mientras se acrecientan los peligros de un descontrol ecológico.
Nadie sabe como impactará la recaída de la economía global sobre China. Algunos economistas estiman que ese efecto será digerible (Stiglitz) y otros pronostican duras consecuencias (Roubini). Pero todos coinciden en la centralidad de este dato para el devenir inmediato de la coyuntura mundial [19] .
BRICS, EAGLES Y EMERGENTES
No sólo China ha podido sustraerse de la crisis global. También un grupo de economías intermedias (denominadas emergentes, ascendentes o BRICS) ha logrado capear el temporal. Este núcleo de países conforma el conglomerado semiperiférico actual de la estratificación mundial.
Este sector mantuvo su crecimiento el año pasado, incrementó significativamente la tasa de inversión y aumentó su participación en el PBI global. Si estas tendencias perduran, la localización de la producción y el empleo sufrirá un importante desplazamiento en el próximo período. Estos cambios son congruentes con la nueva división internacional del trabajo que privilegia la región asiática.
Las economías ascendentes son las niñas mimadas del capitalismo. Reciben elogios del FMI y fueron las estrellas de los últimos foros empresarios de Davos. Los nuevos multimillonarios de China, Rusia o India se integran rápidamente al club de los poderosos.
Otro indicador de las modificaciones en curso es la distribución de las reservas mundiales. Estos reaseguros suman 6,5 billones dólares en las economías ascendentes y sólo 3,2 billones de los países del Norte. El endeudamiento externo del primer grupo ha caído y algunos integrantes de esa membrecía ya son acreedores. En el otro polo ha irrumpido la nueva categoría de “Países Ricos Altamente Endeudados”.
Pero es muy frecuente extraer conclusiones engañosas de estas mutaciones. La principal confusión surge de la indiscriminada clasificación de todo el grupo ascendente, en un mismo rubro de BRIC. Esta denominación (Brasil, Rusia, India, China) fue primero extendida a BRICS (con Sudáfrica) y luego a BRIIC-K (con Indonesia y Corea). Otra ampliación reciente habla de EAGLES (con México, Egipto, Taiwán y Turquía) [20] .
Los creadores de estas marcas son operadores bancarios (Goldman Sachs, BBVA) que incluyen o excluyen a los países de su lista, en función de las oportunidades de inversión financiera. El carácter coyuntural de esta evaluación salta a la vista. Pero su principal inconveniente radica en equiparar bajo una misma sombrilla, a un país que avanza hacia un status de potencia central (China), con economías intermedias de incierta evolución.
La distancia que mantiene el gigante asiático con cualquiera de sus seguidores es abismal en cualquier terreno de la producción, las exportaciones o las reservas. Esta brecha es particularmente visible frente a otra economía de gran crecimiento reciente (India) o en comparación a un vecino que precedió al avance chino y se estancó frente a esa irrupción (Corea del Sur) [21] .
Al ubicar a todo el grupo en la misma canasta se olvida que muchos países del pelotón han ascendido como proveedores de los insumos básicos demandados por China. Más que impulsar el crecimiento global, estas economías han sido arrastradas por ese avance. Es importante también notar la línea divisoria que separa a los protagonistas de un desarrollo industrial de los actores que se expanden por el repunte de la renta petrolera (Rusia) o agrícola (Brasil). Estas diferencias definen grados de consistencia muy disímiles del crecimiento.
Las distinciones entre los emergentes presentan contornos más categóricos en el plano geopolítico. La autonomía de las políticas imperiales que tienen Rusia o China, no se extiende a la India, Brasil o Sudáfrica. Estos países mantienen estrechos vínculos de asociación o dependencia con las potencias que regulan el orden mundial. Por esta razón, el propio funcionamiento de los BRICS no ha incluido la adopción de estrategias comunes.
Es cierto que la mayor estabilidad política de todo el grupo contrasta coyunturalmente con el generalizado desarreglo que impera en las potencias centrales. Pero tampoco este rasgo determina patrones de acción internacional conjunta.
Las nuevas alianzas Sur-Sur en desmedro de las viejas conexiones con los centros metropolitanos presentan un alcance limitado y no anticipan la “segunda globalización” comandada por los emergentes que pronostican algunos analistas. Hasta ahora el dato más relevante ha sido la integración de los emergentes al G 20, para ampliar el sostén del capitalismo en crisis [22] .
LOS PADECIMIENTOS DE LA PERIFERIA
El alivio de los países intermedios no se extiende al resto de la periferia. La crisis golpea nuevamente con mayor virulencia a las economías más empobrecidas, reiterando una norma de las convulsiones capitalistas. Este impacto se verifica en cualquier terreno del empleo o los ingresos. Los emigrantes enfrentan mayores obstáculos para ingresar al Primer Mundo, las remesas se recortan y las oleadas de refugiados se multiplican.
Mientras la prensa sólo habla de economías centrales y emergentes, la inmensa mayoría de los países se encuentra fuera del G 20, soportando el drama cotidiano de la miseria. Allí se localizan los 2050 millones de personas sin acceso a la sanidad básica y los 884 millones carentes de servicios de agua potable.
Pero lo más novedoso del tsunami actual es la convergencia de estos sufrimientos con una tragedia de hambre. El aumento de los precios de los alimentos que precedió a la crisis no fue revertido por la recesión y en muchas zonas se acentúa el drama de la desnutrición. En Somalia, por ejemplo, ya se observan todos los síntomas de una catástrofe alimentaria.
La cifra total de hambrientos se ubica en torno a los 1020 millones de personas, pero la amenaza se extiende a los 2.500 millones que subsisten en condiciones de pobreza. Este flagelo aumenta al compás del encarecimiento de los cereales, que obedece a la consolidación de un esquema neoliberal de agricultura exportadora, que destruye la pequeña propiedad, aniquila el abastecimiento local tradicional, generaliza la desposesión de los campesinos y multiplica la emigración rural.
Esta reorganización capitalista del agro determina la falta de comida que agobia a una sexta parte de la humanidad, cuando la producción total alcanzaría para satisfacer esa nutrición. El reinado de la rentabilidad y el manejo oligopólico del comercio agrícola por parte de un puñado de transnacionales (ADM, Bunge, Cargill y Dreyfus) potencian la tragedia del hambre.
Las expectativas de atenuar el problema por el efecto deflacionario de la desaceleración económica global no se están cumpliendo. El ascenso de los precios alimenticios que comenzó en 2003 persiste sin grandes modificaciones.
Muchos autores estiman que ese comportamiento alcista obedece a la formación otra burbuja. Especular con los precios a futuro de los cereales se ha convertido en una operación muy redituable. Permite canalizar los excedentes de liquidez que genera la pérdida de oportunidades de inversión en los países desarrollados [23] .
Otros analistas consideran que el encarecimiento de los alimentos es un problema más estructural y derivado de la creciente demanda ejercida por los nuevos consumidores asiáticos. También destacan la presencia de costos crecientes de producción y productividades declinantes en el sector agrícola [24] .
Ambos enfoques subrayan explicaciones complementarias (de corto y largo plazo) del mismo fenómeno. Pero en cualquier caso, las maniobras financieras y las brechas estructurales entre la oferta y la demanda presagian el agravamiento de la crisis alimentaria, que auguran todos los expertos de la FAO.
Este padecimiento se intensificará además por las presiones d el agro-negocio, que bloquea en los cónclaves del G 20 cualquier regulación internacional de los precios. En ese ámbito actúan los países que producen el 77% de los cereales y manejan el 80% del comercio agrícola. El hambre de los desamparados aporta un buen negocio para varios integrantes de esa asociación.
MUILTIPOLARIDAD Y HEGEMONÍA
La diversidad de situaciones regionales que rodea a la crisis actual ha generalizado las predicciones de un viraje hacia la multipolaridad. Este contexto es diferenciado de la bipolaridad de posguerra (Estados Unidos versus la URSS) y de la unipolaridad de los años 90 (supremacía norteamericana). La declinación estadounidense es asociada al avance de China y los emergentes. Algunos enfoques también resaltan el agotamiento del neoliberalismo y pronostican un crecimiento desarrollista de la periferia, asentado en la intervención estatal y el intercambio entre las economías del Sur [25] .
Pero estas miradas omiten las significativas continuidades que vinculan al actual período con su precedente. La multipolaridad podría modificar las relaciones de poder entre las potencias, pero no altera los pilares de la mundialización neoliberal. El protagonismo de las empresas transnacionales persiste, junto a la competencia global por lucrar con la explotación de la fuerza de trabajo .
Esta internacionalización del capital determina, además, la continuidad del libre comercio y los flujos financieros transfronterizos. A diferencia de lo ocurrido durante la entre-guerra, la multipolaridad actual no anticipa el surgimiento de bloques proteccionistas, dispuestos a batallar por la conquista de los mercados a través de la guerra .
El estancamiento del centro determina efectivamente una mayor interacción entre las economías intermedias. Pero estos enlaces se desenvuelven en estrecha asociación con empresas del Primer Mundo. Esta colaboración no es un imperativo tecnológico, ni obedece a necesidades de financiación. Las burguesías emergentes ampliaron su radio de acción junto al capital extranjero y continúan reforzando esos vínculos.
Sus estrategias no incluyen propósitos antiimperialistas o iniciativas de “No Alineados”. Tampoco incentivan planificaciones para-mercantiles del comercio (Comecon) o proyectos de solidaridad (Bandung). Actúan siguiendo criterios de rentabilidad, que tienden a recrear los viejos desniveles de la relación centro-periferia- semi-periferia.
La mundialización ha modificado los patrones geográficos de esos lazos. Ya no se requiere cercanía territorial entre las economías dominantes y sus abastecedores de insumos. Las relaciones de dependencia comienzan a desbordar su radio tradicional.
Resulta imposible predecir el ordenamiento final de esta mutación, pero es evidente que no saldrán airosos todos los jugadores. La acumulación exige equilibrar los avances de un polo con las pérdidas del segmento opuesto. Si una región prospera otra debe decaer, para que el enriquecimiento de los capitalistas ganadores sea solventado por la población de las zonas perdedoras.
La multipolaridad no altera este principio selectivo del desarrollo burgués. El capitalismo excluye crecimientos compartidos en el largo plazo o eliminaciones progresivas de todas las desigualdades socio-regionales. Los admiradores del nuevo escenario ignoran esta extensión de brechas de distinto signo.
Frecuentemente visualizan a la multipolaridad como un cambio de hegemonía política a favor de China y en desmedro de Estados Unidos. Pero nunca aclaran qué significado le asignan al concepto de hegemonía. Esta noción puede ser identificada con la supremacía imperial o con formas de gestión consensuadas opuestas a la coerción bélica. En el primer caso se sugiere que el expansionismo chino reemplazaría al dominador estadounidense. En la segunda variante se supone que esa sustitución será pacífica y resultante de una avasalladora primacía económica. Los desaciertos de ambas hipótesis saltan a la vista
Desde la posguerra Estados Unidos ha ejercido una explícita dirección imperialista. Actúa como garante militar de la reproducción de capital y brinda protección a todas las clases dominantes, frente a la insurgencia popular y la inestabilidad del sistema. Los dirigentes chinos no se imaginan a sí mismos cumpliendo ese rol, en ningún momento del futuro.
Quiénes suponen que la sustitución coercitiva será innecesaria por el simple efecto de la pujanza económica oriental, no explican cómo funcionaría el capitalismo global sin garantes militares de ninguna especie. Esta visión olvida que un sistema de competencia por beneficios surgidos de la explotación, no puede desenvolverse sin el uso de la fuerza.
La identificación de la multipolaridad con el repliegue bélico de Estados Unidos o sus socios europeos es una hipótesis ingenua. En cualquier “des-occidentalización” de la economía mundial, el gendarme norteamericano continuará supervisando invasiones, ocupaciones y matanzas. Ciertamente la primera potencia ya no actúa con la omnipotencia de los años 90, pero dirige la OTAN, concentra la mitad del gasto bélico mundial y mantiene una estrecha asociación con todos los países que alineó durante la guerra fría.
Los principales integrantes de esa alianza no suelen quebrantar esta familiaridad cuando expanden su poder económico. La invariable lealtad de las burguesías petroleras del Golfo al liderazgo norteamericano es un ejemplo de esa actitud. El sometimiento de Japón es más sintomático, puesto que no ha buscado caminos de autonomía político-militar para contrarrestar su estancamiento. La regresión económica nipona se profundiza con el endeudamiento público más elevado del mundo desarrollado y con el fracaso de los planes pos-terremoto de reactivación [26] .
El rol central de Estados Unidos se ha verificado nuevamente en la ampliación del G 7, la cooptación de los países intermedios y el resurgimiento de FMI para preservar el orden imperial vigente . El gendarme global utilizará también su poder para intentar la recuperación del terreno que ha perdido. Ya insinúa formas de presión sobre su rival chino con maniobras navales en Corea del Sur, ejercicios en Mongolia e instalaciones bélicas en Australia. Incluso tantea la reacción de su oponente en los litigios con Taiwán, las disputas con la India y la resolución del status de Tíbet. Pero estas tensiones no quebrantaron hasta ahora el marco asociativo vigente con China desde hace varias décadas.
También el gigante asiático ha jerarquizado la solidaridad capitalista. En lugar de propiciar la caída de los bancos occidentales socorrió a los quebrados. En el reciente desplome europeo reforzó incluso su convergencia con el FMI y ha condicionado los préstamos futuros a las auditorias del Fondo. Esta integración refuerza la hostilidad de los dirigentes chinos frente a cualquier protesta local o internacional contra el neoliberalismo [27] .
NEOLIBERALES Y KEYNESIANOS
El debate económico sobre la crisis continúa centrado en la oposición entre visiones ortodoxas y heterodoxas. Los neoliberales atribuyen la crisis a la “irresponsabilidad fiscal” y despotrican contra los gobiernos que despilfarraron dinero en gastos improductivos. Pero omiten recordar que estos desembolsos sostuvieron inicialmente la expansión de las economías industrializadas y que el descontrol posterior obedeció al rescate de los bancos. Antes del 2007 había, por ejemplo, en Europa superávit fiscal en la mayoría de los países.
El discurso neoliberal oculta este auxilio y atribuye el descalabro actual a “los pueblos que vivieron por encima de sus posibilidades”, como si fuera un pecado mejorar el nivel de vida. Tampoco explica por qué razón se exime a los acaudalados de cualquier sacrificio. El carácter duradero de la crisis es incluso utilizado para justificar los atropellos. Ya nadie presenta la flexibilización laboral como un pasaporte a la prosperidad. Hay que apretarse el cinturón como una necesidad de supervivencia [28] .
En Estados Unidos los mismos argumentos son esgrimidos por los republicanos para exigir mayores reducciones del gasto social, manteniendo los privilegios de los banqueros, el gasto militar y las rebajas impositivas a los ricos. Reclaman fijar un estricto techo al endeudamiento supervisado por los popes del establishment y eluden mencionar que el socorro otorgado a los financistas contradice todos los principios del libre-mercado.
Los keynesianos estiman, en cambio, que la crisis obedece a la persistencia de la desregulación financiera y a la contracción de la demanda. Por eso Krugman propone gravar a los acaudalados, relanzar la inversión pública y recomponer los ingresos. En la misma sintonía, Stiglitz convoca a condonar las hipotecas y a penalizar a los bancos [29] .
Estos autores ilustran acertadamente como el descontrol del riesgo, los malabarismos contables, los títulos empaquetados y las operaciones con derivados desencadenaron el tsunami actual. Pero omiten registrar que ese des-manejo irrumpió por la propia competencia que impone el capitalismo en la gestión del crédito. Lo mismo ocurre con el endeudamiento familiar y la exclusión social, que no irrumpieron sólo como consecuencia de errores en la política económica.
Los teóricos heterodoxos olvidan que la propia acumulación genera divorcios entre el consumo y la producción, junto a incrementos de la productividad desgajados del poder compra. Estas contradicciones fueron exacerbadas por la rivalidad que introdujo a escala global la mundialización neoliberal.
Los economistas keynesianos estiman que resulta igualmente factible atenuar estos desequilibrios, a través de un reparto equitativo de la crisis. Proponen una distribución pareja de las pérdidas financieras entre deudores y acreedores. Pero basta observar la reacción que tuvieron los banqueros ante una quita de las acreencias griegas, para notar cuán dura sería esa batalla. Ese anuncio desató una tormenta entre las calificadoras de riesgo y precipitó el ajuste fiscal de la Unión Europea. La misma virulencia tuvo la reacción precedente de los financistas, ante iniciativas de suprimir los paraísos bancarios, o anular las bonificaciones de los ejecutivos.
Neutralizar esa resistencia de los banqueros requeriría la adopción de medidas más contundentes, como la suspensión del pago de la deuda, la auditoría de los pasivos y la nacionalización del sistema bancario. Lo mismo ocurre con el relanzamiento del crecimiento y la creación de empleos. El logro de estas metas exige cerrar la canilla de pagos a los acreedores, controlar los movimientos de capital e introducir drásticos impuestos progresivos [30] .
En la coyuntura actual se ha estrechado el espacio para ejecutar reformas sociales sin acciones anti-capitalistas. Hay un clima de sálvese quien pueda, con escaso margen para políticas de “capitalismo humanitario”. Prevalece la presión para procesar las quiebras bancarias, depurar las empresas y desvalorizar la fuerza de trabajo.
Estas tendencias no obedecen sólo a la ideología derechista imperante o a la influencia preeminente de los financistas. Todas las clases dominantes sostienen el ajuste junto a los banqueros. Esta coincidencia se refleja también en el comportamiento de los socialdemócratas europeos. A la hora de aplicar el torniquete no se han diferenciado de sus adversarios derechistas y aceptan la verticalidad autoritaria que imponen Merkel y Sarkozy. Esta cúpula dispuso, por ejemplo, el desplazamiento de Papendreu ante su atrevimiento de solicitar una consulta popular y envió un contundente mensaje de intervención neocolonial a Grecia [31] .
La misma tendencia se verifica en la indiferencia del gobierno estadounidense ante a las peticiones de los liberales. Esta actitud contrasta con la permeabilidad reformista que imperaba en los años 30 bajo el mandato de Roosvelt.
Muchos keynesianos reconocen la adversidad de estos escenarios. Pero consideran viable generalizar a escala internacional, las soluciones intermedias que aplicó Argentina a partir del default y los canjes de la deuda [32] .
Pero omiten registrar las causas específicas que permitieron esa experiencia. Argentina pudo permanecer relativamente desconectada de la financiación internacional, porque está inserta en el comercio mundial como gran exportadora de alimentos. Ha gozado de altos precios internacionales y se convirtió en proveedora privilegiada de las ascendentes economías asiáticas. Utilizó, además, las enormes rentas de exportación para reanimar la demanda interna, luego de una brutal devaluación que depuró capitales, abarató salarios y facilitó la recomposición cíclica de la tasa de ganancia.
Es evidente que el grueso de las economías dependientes afectadas por la crisis no cuenta con los recursos y las condiciones que permitieron esa recuperación. Podrían efectivamente adoptar ciertas iniciativas de Argentina, pero sólo como punto de partida de medidas más radicales y audaces [33] .
La intensidad de la crisis exige asumir un horizonte anticapitalista, alejado de la atadura actual a distintas variantes del mismo régimen social. El pensamiento dominante impone esta restricción, obligando a optar entre el modelo anglosajón, el esquema alemán o la opción china [34] .
Ese enfoque niega las raíces intrínsecamente capitalistas de la crisis actual y oculta las contradicciones, que el proceso de acumulación genera en forma periódica y extiende de manera itinerante. Un sistema basado en la rivalidad por la apropiación de beneficios surgidos de la explotación necesariamente produce el tipo de conmociones, que se observa en la actualidad.
Si se reconoce que el capitalismo no es el único, ni el mejor sistema posible resulta factible concebir otra gama de alternativas para resolver la crisis. Esta apertura permite superar la resignación, consolidar la voluntad de lucha e imaginar salidas provechosas para la mayoría de la población.
RESISTENCIAS SOCIALES
El devenir de la crisis puede ser abruptamente transformado por las acciones populares que cobraron impulso en los últimos meses. Los análisis que omiten esta reacción razonan los procesos económicos en un vacío social, que a lo sumo es ocupado por funcionarios y financistas.
El debut de la crisis provocó inicialmente un gran desconcierto, entre poblaciones acostumbradas a identificar los desastres económicos con el Tercer Mundo. Ese estupor estuvo también signado por el temor al desempleo. Pero a fin del 2010 los levantamientos del mundo árabe introdujeron una bisagra en esta conducta. Ilustraron como se pueden conquistar grandes victorias democráticas.
Este impulso profundizó la resistencia en Grecia, que se ha transformado el principal bastión de la respuesta popular. Hay un estado de sublevación entre los manifestantes que ocupan plazas y cercan el Parlamento. Estas protestas alentaron a su vez a los indignados españoles, que cuestionan el socorro a los banqueros y demandan “democracia de verdad”. Este movimiento ya conquistó legitimidad, acompañamiento y presencia nacional.
Otro tipo de reacciones sociales se verifican en Inglaterra, tanto entre los jóvenes desempleados y hostigados por la policía, como entre los trabajadores sindicalizados. En Italia despuntan las huelgas y en Portugal hay movilizaciones. Estas luchas comienzan a extenderse junto al desmoronamiento de la imagen benevolente que tenía la Unión Europea. Una victoria impuesta desde abajo permitiría actualizar el gran legado de rebeliones que acumula el Viejo Continente
Pero el dato más llamativo del año se registró al otro costado de l Atlántico, con el surgimiento del movimiento “ Ocupar Wall Street”. Esta organización ya tiene alcance nacional, simpatía popular, solidaridad intelectual y sostén sindical. Por primera vez en décadas ha reintroducido las manifestaciones masivas en el corazón del capitalismo.
Menor difusión internacional han logrado los movimientos de lucha que conmueven a China. El año pasado se registraron 180.000 protestas, en su mayoría inspiradas en demandas contra la explotación fabril. Una nueva generación de obreros –ya emancipada de la migración rural- recuperó confianza y obtiene conquistas en enfrentamientos directos con los patrones [35] .
En todos los continentes se verifica el mismo protagonismo juvenil, en movimientos que utilizan las redes sociales para informarse y organizarse. El primer embrión de un empalme internacional se produjo el 15 de octubre pasado, en la marcha global que congregó multitudes en 950 ciudades de 80 países. Una acción coordinada de esta magnitud no se registraba desde las movilizaciones contra la guerra en Irak (2003).
Si la convergencia regional e internacional de estas resistencias se afianza, podría gestarse una respuesta al intento burgués de enfrentar a los trabajadores de distintas nacionalidades. Los dominadores de Alemania encabezan esa estrategia, divulgando la creencia que los obreros germanos “ya hicieron su sacrificio” y no deben pagar la cuenta de los ociosos del sur. Este mensaje busca oponer a un asalariado contra otro, ocultando los beneficios que obtienen los capitalistas de esa división. El mismo propósito persiguen las campañas de la derecha contra los inmigrantes [36] .
Una salida progresista de la crisis exige contrarrestar esta fractura entre hermanos de clase. Las tensiones entre asalariados alemanes y griegos, estadounidense y chinos o españoles y marroquíes conducen a descargar todas las consecuencias del desastre actual sobre los pueblos. Las respuestas internacionalistas neutralizarían esa amenaza y permitirían un reencuentro de la juventud con los sectores de la clase obrera, que no se han recompuesto de la andanada neoliberal. El año 2012 ofrece la oportunidad de cambiar el escenario de la crisis a favor de los trabajadores.
RESUMEN:
Se vislumbra una nueva fase recesiva con impactos regionales muy diferenciados. En Estados Unidos se expande el empobrecimiento con ajustes e inacción del gobierno. Pero la primera potencia interviene activamente a escala global a través del dólar, la reforma bancaria y el FMI, tanteando una opción inflacionaria.
En Europa se destruyen conquistas sociales históricas bajo el comando de Alemania, que amplió su dominio exportador pero gestó un bloque inacabado. El pacto fiscal intenta una centralización ultra-liberal, para amoldar la periferia del Viejo Continente a la competitividad germana. Los derechistas ya no prometen prosperidad, sino tan sólo supervivencia. Su reorganización regional abre grandes fisuras e introduce políticas autoritarias.
El crecimiento de China limita la recesión global, pero fractura el ciclo mundial e ilustra las transformaciones del período neoliberal. Múltiples desequilibrios obstruyen la internacionalización del yuan y el esperado viraje hacia el mercado interno. Es erróneo clasificar a China junto a economías semiperiféricas de incierta evolución. Las diferencias de status geopolítico y el sustento industrial o rentista determinan enormes diferencias dentro de los BRICS. El encarecimiento de los alimentos que agobia a la periferia empobrecida persiste en la recesión, por maniobras financieras y desequilibrios acentuados por la especialización exportadora.
Las tendencias a la multipolaridad alteran las relaciones entre las potencias al interior de la mundialización neoliberal. Las burguesías ascendentes carecen de propósitos antiimperialistas y los cambios de hegemonía no implican atenuación del militarismo norteamericano. Los socialdemócratas gestionan los atropellos demostrando la reducción del espacio para políticas reformistas. Los keynesianos soslayan la confrontación requerida para frenar la agresión social y generalizan en forma abusiva la experiencia argentina.
Una salida progresista exige concebir horizontes anticapitalistas. La resistencia social ha comenzado después del estupor creado por un estallido en el Primer Mundo. Las rebeliones árabes impulsaron esta reacción, que afronta presiones de los dominadores para oponer a los trabajadores de las distintas nacionalidades.

Notas:
[1] Economista, Investigador, Profesor. Miembro del EDI (Economistas de Izquierda). Su página web es: www.lahaine.org/katz
[2] El 1% más rico 1979 percibía el 9% de la renta nacional en 1979y actualmente obtiene el 24%. Cuando los ocupantes de Wall Street afirman que “somos el 99% de la ciudadanía”, saben muy bien de que están hablando. Roberts Paul Craig, “Las pérdidas de puestos de trabajo en Estados Unidos son permanentes”, Rebelión, 9-10- 20.
[3] Wall Street Journal, “La recuperación de EEUU es una de las más decepcionantes”, La Nación, 31-12-10.
[4] Aunque alguno bancos mejoraron últimamente su patrimonio y liquidez, el reciente desplome de la octava firma de inversión (MF Global) es muy ilustrativo de los peligros en ciernes. Se derrumbó por su exposición con bonos de la deuda europea, que se encuentran asegurados en grandes proporciones por financistas norteamericanos. Montero Alberto, “Cuando la democracia entra por la puerta”, Rebelión, 2-11-11.
[5] Kennedy Paul, “Un mundo de tres monedas”, Clarín, 8-6-11, Robert Mundell, “El futuro de las monedas de reserva luego de la crisis”, El País, 18-1-10, Michel Crittenden, “Puede el dólar ser destronado”, online.wsj , 1.3-11. Ver también: Wallerstein Inmanuel “Guerra de divisas, La Jornada, 6-11-10, Eichengreen Barry, “El reinado del dólar llega a su fin”, La Nación, 2-3-11
[6] Ocampo Emilio, “Brujas y burbujas”, Ámbito Financiero, 2-9-10. También La Nación, 13-9-10 y 30-8-10 y Financial Times, 20-9-10.
[7] Estados Unidos también apostó muy fuerte para neutralizar la crisis de legitimidad que afectaba al Fondo y todavía se desconoce su rol en el escándalo montado contra el ex directivo Dominique Strauss Kahn. CADTM, “El FMI lamentable símbolo de un sistema”, www. cadtm .org/ 18-5-11.
[8] Fiori José Luis, “Muy lejos del equilibrio”, Sin Permiso, 19-12-10, Cantelmi Marcelo, “El G 20 en las puertas”, Clarín, 23-10-10.
[9] La mirada inicial en Pasquino Gianfranco, “La UE aún representa el progreso”, Clarín, 31-8-10.
[10] Husson Michel, “Euro: en sortir ou pas”, Inprecor 575-576, 7-8-9-2011. Samary Catherine, “The Eastern periphery”, www.attac , 31-10-11.
[11] Desde la caída de la principal entidad belga (Deixa) sobrevuelan muchas hipótesis de repetición de lo ocurrido con Lehman Brothers. Las “pruebas de resistencia” realizadas a los bancos europeos dejaron muy intranquilos a los expertos, cuando las entidades necesitan recapitalizarse y recaudar dinero. Esta exigencia contrae, a su vez. el crédito y agrava la recesión.
[12] Llach Juan, “Pulseadas en el palacio global”, La Nación, 30-6-10.
[13] La Nación, 16-1-10.
[14] Husson Michel, “Una crisis sin fondo”, www.vientosur , 19-7-11 Louca Franciso, “La izquierda contra la dictadura de la deuda”, www.sinpermiso , 17-10-11
[15] No hay tiempo suficiente para transferir los títulos a los tenedores marginales , limpiar los balances o crear mercados paralelos para los papeles incobrables. La crisis actual golpea en una coyuntura muy turbulenta, a economías entrelazadas y localizadas en el centro del capitalismo . Arceo Enrique, Página 12, 9-12. Toussaint Eric, “Crash do Deixa”, www.CDTM , 7-10-11
[16] La reorganización de la eurozona prepara la introducción de formas federativas en la UE, que someterían las atribuciones locales a una mayor centralización estatal. Este cambio introduce enormes fisuras y puede potenciar el secesionismo en los países con fracciones separatistas influyentes (Bélgica, España o Italia). Estos sectores podrían reforzar sus demandas de integración directa a la Eurozona, puenteando las estructuras estatales existentes para desembarazarse de las regiones empobrecidas.
[17] Shujie Yao, “Los límites del modelo China”, Cash-Pagina 12, 7-8-11. También Wall Street Journal, La Nación,17-11-11)
[18] La Nación, 5-6-10.
[19] Roubini, Nouriel, “El boom de China tiene fecha de vencimiento”, La Nación, 24-4-11. Stigtiz Joseph, www.elperiodico.com , 9-8-11
[20] Bocco Arnaldo, “De los Brics a las Eagles” Página 12, 10-1-11. Abeledo Anahí, “El desafío para los emergentes es tener crecimiento”, Clarín, 10-7-11
[21] Beckett Paul, “Pese al crecimiento, aumentan las dudas sobre el milagro indio”, La Nación, 30-3-11. Nye Jospeh, “La carrera de fondo, Clarín, 2-2-11, Ramstad Evan, “El milagro coreano”, La Nación, 8-11-10.
[22] Un cuestionable enfoque en: Kateb Alexander, “Los países BRICS dan una lección”, Página 12, 20-9-11
[23] Halevi Jospeh “Se avecina una nueva crisis”, Il Manifesto 8-6-11.
[24] Krugman Paul, “Las limitaciones que nos impone un mundo finito”, La Nación, 29-12-10. Blejer Mario, “Argentina y la seguridad alimentaria” La Nación, 4-12-11.
[25] Distintas visiones en De La Balze Felipe, “La crisis acelera el curso de la historia”, Clarín 27-11-11 Turzi Mariano, “La nueva divisoria global: emergentes y declinantes”, 18-8-11. Tokatlian Gabriel, “El año de la encrucijada”, La Nación, 11-1-11. Cufré David, “Con la vieja receta”, Pagina 12, 26-6-10.
[26] Belson K, Onishi N, “Una falta de liderazgo que agudiza la crisis”, La Nación, 17-2-11.
[27] Hemos desarrollado los temas de este capítulo en nuestro reciente libro , Katz Claudio, Bajo el imperio del capital, Espacio Crítico Ediciones, Bogotá 2011. Próxima edición Luxemburg, Buenos Aires.
[28] Estas visiones en: Gros Daniel, Eco “En defensa de la austeridad para Europa”, Clarín, 4-12-11, Pagni Carlos, “La crisis del estatismo”, La Nación, 19-7-10, Schauble Wolfang y MacFadden Daniel, Página 12, 28-8-2011.
[29] Krugman Paul, Clarín, (11-7-10, 13-7-10, 22.5-10, 10-8-10, 6-11-2010, 28-8-2010, 14-8-10). Stigliz Joseph, “Qué puede salvar el Euro”, El País, 8-12-11, “El mercado hipotecario”, Clarín, 6-11-201, “La austeridad es camino suicida”, Página 12, 7-12-11, “Un contagio de malas ideas”, Sin Permiso, 14-8-11. También, Skidlesky Robert, “El mundo para volver a leer a Keynes”, Página 12, 2-8-11, Mitchell. William, “Entrevista”, Página 12, 10-10-11.
[30] Wolff Rick “Krugman frustrado”, Monthly Review 10-3-10 . Onaran Ozlem, “ An internationalist transitional program towards an anti-capitalist Europe ”, April 2011. www. international viewpoint . Lapavitsas Costas “ A Left Strategy for Europe ”, April 2011, www.internationalviewpoint. Albarracín Daniel, “Sobre el debate del euro. Una estrategia”, www.economiacritica.net , 10-10-11
[31] Esta reacción fue coronada con la instalación de un gobierno directo de los banqueros (Papademos). La misma sustitución se impuso en Italia (Berlusconi por Monti) con tecnócratas que postulan una ideología derechista para sortear al parlamento, impugnando a los políticos y menospreciando a los partidos. Stathis Kuvelakis, “Golpe de Estado europeo frente al levantamiento popular”, www.vientosur 11-11-1. John Brown, “El capital financiero castiga a sus devotos partidarios”, www.rebelion 23-11-11.
[32] Stiglitz Joseph, “Europa no aprendió la lección de Argentina” Página 12. 10-12-11.
[33] Nuestra visión en: Claudio Katz, “Lecciones de Argentina para Grecia” www. cadtm . org, 25-10-2011.
[34] Es la visión de Rogoff Kenneth, “El capitalismo está lejos de encontrar su sucesor”, La Nación, 11-12-11.
[35] Li Minqi, “El ascenso de la clase obrera y el futuro de la revolución en China”, www.rebelión , 14-7-11. Bello Waldem, “O capital e um amante caprichoso” www.outroladodanoticia.com.br , 22-7-11
[36] Vicens Navarro, “Habermas y la sabiduría”, www.sin permiso, 13-6-10.
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